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Il y a quelques temps, je me suis réconcilié avec le rock progressif avec la rencontre de Gong en concert et la découverte de Steven Wilson. J’avais découvert ce style de rock il y a 30 ans lorsqu’un oncle m’avait filé deux albums de Ange : « Le Cimetière des Arlequins » et « Au-delà du délire ». J’avais adoré ! Je les écoutais en boucle. Les textes, les solos de guitare, ce mélange d’orgue trafiqué à la limite du désaccordé couplet avec un mellotron, la folie, la théâtralité mi médiévale, mi fantastique. Bref, j’étais fou de Ange…

(Live report au Théâtre de Denain – 29 janvier 2016) – par Vincent.

ANGE – Emile Jacotey Résurrection – Théâtre de Denain – 29 janvier 2016

Et puis l’adolescence a fait que je me suis dirigé vers d’autres styles de rock me faisant mettre de côté Ange et le rock prog. Cela dit, ce groupe était ancré dans ma culture musicale et faisait partie des piliers. Au fil des ans, j’ai souvent réécouté mes deux albums et j’ai survolé « La gare de Troie » et « Culinaire Lingus » sans pour autant être un grand fan. J’aimais bien, mais soyons clair, ça restait pour moi au second plan.

Aujourd’hui, à nouveau en phase avec le rock prog, Ange est revenu parmi mes favoris. Du moins les quatre albums cités ci-dessus, car je ne connais pas grand-chose de leurs autres albums, à part quelques morceaux sur diverses compilations.

C’est en décembre dernier que j’ai appris que le groupe venait au Théâtre de Denain dans le cadre de leur tournée « Emile Jacotey Résurrection ».

« Emile Jacotey » est le titre d’un album de Ange qui date de 1975. Cet album est celui qui a rendu célèbre le groupe. Il s’est construit suite à la rencontre d’un ancien maréchal ferrant de 85 ans et retraité depuis l’âge de 70 ans. Emile Jacotey était également un conteur de légende et suite à cet entretien, le groupe revint plein de rêves, de magie et d’inspiration pour créer ce magnifique album.

En allant au concert, j’étais à la fois heureux et en même temps j’appréhendais. J’espérais que ça allait me plaire, que Ange serait à l’image que j’en avais et que ça n’avait pas pris un petit coup de vieux. Je savais que le line-up avait changé depuis longtemps et que de l’origine, il ne restait plus que Christian Descamps au chant et claviers. Son fils Tristan (claviers) l’accompagne ainsi que trois musiciens géniaux, Hassan Hajdi (guitares), Thierry Sidhoum (basse) et Ben Cazzulini (batterie).

J’arrive au théâtre de Denain, je me trouve une place pas trop loin de la scène. En peu de temps, le théâtre était complet. Ça je n’en doutais pas, je sais que Ange à un énorme public fidèle. L’ambiance est plutôt sympa dans la salle, beaucoup de passionnés, j’écoute çà et là les anecdotes de chacun lorsque soudain les lumières s’éteignent laissant la place à une sorte de battement de cœur et à un tic-tac d’horloge ancienne qui évoque une remontée dans le temps en spirale, on y perçoit des bribes de voix d’Emile Jacotey. Dans la pénombre on voit le groupe s’installer. L’horloge sonne enfin et la résurrection à lieu en explosion. La voix de Christian retentit sur « Bêle, bêle petite chèvre » (1er morceau d’ »Emile Jacotey »). Et là je me dis, ok ! Ça va le faire ! Le titre a été revisité, tout en restant fidèle à sa structure d’origine, il a été embelli, solo de guitare énorme, l’ambiance des synthés envoûtante. Christian déborde d’énergie et a un charisme fou, Tristan est déchainé derrière ses claviers, le groupe est excellent, le son parfait. Il enchaîne avec « Sur la trace des fées » puis « le Nain de Stanislas ».

Ange réinterprète l’album « Emile Jacotey » dans l’ordre chronologique des titres, et vraiment, quelle surprise à chaque fois ! Tout a été retouché délicatement donnant des morceaux encore plus beaux avec des plages musicales superbes. On est en plein joyau de rock progressif, je comprends pourquoi Ange est une référence dans ce style jusqu’à un niveau international. Un véritable spectacle vivant se déroule devant mes yeux. C’est indéniablement un groupe de scène qui allie performances et émotions et qui nous soulève parfois dans un rock explosif et déjanté, parfois dans des ambiances mystiques et hypnotiques. Tout comme dans l’album, on entend la voix du vieil homme raconter son passé. Quatre nouveaux titres inspirés des propos d’Emile Jacotey ont été rajoutés, ils collent parfaitement avec les anciens.


Arrive ensuite « Les Noces », montée en apogée dans une nouvelle version toujours très musicale, délirante, durant au moins 12 minutes. Là, je réalise que j’assiste quand même à un putain de concert. Je regarde Christian Decamps et je suis assez admiratif de son œuvre. Je me dis que ce gars, pas loin des 70 ans, dirige certainement le plus vieux groupe de rock français encore en activité (47ans) avec énergie, fougue et passion. Ouais, là je trouve ça génial.

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Un nouveau moment fort avec « Le Marchand de planètes » dans une version fleuve et mystérieuse. La magie est palpable dans l’air. Le set ce termine en émotion avec « Ode à Emile » avec deux nouveaux extraits de l’entretien du vieux conteur et un final en apothéose.

Le public est déchaîné, l’ambiance est géniale. Le groupe revient pour un rappel qui m’a laissé sur le cul. Tristan entonne « Fils de Lumière » (tiré d’ »Au-delà du délire ») dans une version énorme. Puis l’ambiance de la scène se tamise, Tristan joue un morceau mystique au synthé, une sorte de musique de nuit rappelant le saxo, c’est super envoûtant, relaxant. Puis Hassan répond à la guitare dans la même tonalité. Ainsi s’enchaine un jeu de questions-réponses entre les deux instruments pendant plusieurs minutes pour introduire le superbe « À l’ombre des pictogramme ». Le concert se termine sur un morceau musical également tiré de « Au-delà du délire ». C’est « La colère des Dieux » rebaptisé « Apocalypso » et on comprend pourquoi…

Je suis ressorti de là sur un nuage, whaaa quel concert !

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Dans le hall du théâtre était installé un stand de merchandising du groupe. Il était tenu par une asso nommée « Un pied dans la marge », qui est tout simplement le fan-club de Ange. C’est grâce à cette asso que le groupe peut continuer à exister aujourd’hui. Une adhésion annuelle des membres permet de financer les albums et les tournées du groupe. En contrepartie, chaque adhérent reçoit un magazine sur Ange tous les trois mois ainsi qu’un CD collector inédit.

Enfin « Emile Jacotey résurrection » est sorti en CD avec les nouvelles versions et les quatre inédits. Une version live double CD+DVD existe également. Je trouve que ce projet est une véritable réussite et pourquoi pas par la suite continuer l’aventure avec « Le cimetière des Arlequins : debout les morts » suivi de « Au-delà d’au-delà du délire ». Qui sait ?

(Live report réalisé par Vincent)
(©crédit photos : Vincent Gaillard)

-> site : www.ange-updlm.com/
-> facebook : facebook.com/Groupe.Ange

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1 réponse

  1. Laiguillon Rémy dit :

    bonsoir ,

    quel article pour ce groupe hors du commun que je suis depuis 47 ans…..j’ai d’ailleurs créé sur facebook une page les concernant  » fan du groupe Ange « ..merci pour ce bel hommage à Ange et à Christian Décamps….salutations musicales..