reportage
(Février 2017 – par Laetitia Mavrel.)
Surprises et Découvertes
Se déroulant sur 3 soirs, avec une programmation des plus éclectique, la 1e soirée aux musicalités clairement rock, proposait les sets de Jamie Lee en acoustique, Mourn, Black Lips et en tête d’affiche, Jason Lyttle et sa bande de Modesto.
La soirée « rock » a pleinement répondu à nos attentes. Nous avons voyagé aux Etats-Unis, en Angleterre et en Espagne, avec des sons plus ou moins extrêmes.
N’ayant malheureusement que capté la dernière chanson de Jamie Lee, je peux tout de même affirmer qu’avec son set très intimiste, de par l’horaire (18h30) et le cadre (ce dernier étant en dehors de la salle de concert, placé sympathiquement dans l’espace buvette – détente), la mise en bouche s’est voulue douce et très mélodique.
Les jeunes espagnols de Mourn ont ensuite pris place et nous ont fait découvrir leur 2ème album (Mourn, oui c’est pas très recherché comme titre !) aux sonorités indé un peu bordéliques mais néanmoins avec un line up très professionnel (il s’agit tout de même du 2ème opus les concernant). Au passage, je félicite personnellement les prestations hyper fortiches du batteur et de la bassiste, qui sortent les titres de la banalité que l’on peut trouver chez ces jeunes formations.
Une surprise qui m’a donné envie de porter une oreille plus attentive à leur compos.
Les bien plus rodés Black Lips sont venus nous offrir de la sueur, des larsens, des hurlements et…des ballons ! Surprise de l’affiche car venu s’additionner dans les dernières semaines, le groupe garage d’Atlanta nous a présenté son dernier album, « Satan’s Graffiti or God’s Art ? », à paraitre le 5 mai prochain, dont on peut anticiper qu’il va nous apporter du lourd.
18 titres se présentant comme le déroulé d’une pièce à l’opéra (avec prélude, interludes… et final), un son très garage noisy crasseux et bourré de saturations est toujours présent, et la prestation live confirme le côté clairement assumé de bad guys que le groupe arbore !
J’en ressors donc avec beaucoup de fumée dans le nez (mais qui a laissé trainer son pied sur la pédale qui envoie la vapeur à la con, j’ai l’impression d’avoir vapotté pendant 50 min non-stop !), quelques acouphènes dans l’oreille gauche mais une sacrée envie de découvrir l’entièreté de la galette, dans des conditions un peu plus calmes…
Et enfin, le retour tant attendu de GRANDADDY.
Pour ceux qui l’ignorent, Grandaddy est un de ces groupes ovnis, inclassables, dont le lyrisme, la musicalité et l’environnement tellement lunaire font systématiquement de leurs albums des petites perles. Personne ne ressort insensible à une écoute de Grandaddy. Bordélique pour certains, débordant de poésie pour d’autres, techniquement ingénieux pour la majorité, le dernier album « Last Place » répond totalement à la feuille de route. On retrouve, dans des titres comme « Way we Won’t », « Evermore » ou la suite tant attendue des aventures de Jed dans « Jed the 4th », toute l’émotion que dégage ce groupe : la voix si sibylline de Jason Lytle, les envolées de synthés, de guitares et autres percus plus ou moins reconnaissables…Un vrai voyage dans le monde des rêves que nous propose Grandaddy.
(©crédit photo : Laetitia Mavrel)
C’est après le succès et la plus large reconnaissance de « Sumday » en 2003 et à la toute fraiche sortie de « Just Like the Fambly Cat » en 2006 que nous apprenons avec – stupeur, effarement, incompréhension – la séparation du groupe.
On se doute que les projets solo de Jason Lytle en sont l’une des raisons, mais cela ne nous console pas. Qui va bercer nos oreilles dorénavant ?
S’en suivent 6 longues années, parsemées de collaborations et side-projects de Jason Lytle (notamment le dernier en date et sa collaboration avec The Colour Bars Experience et les concerts hommage à Elliott Smith et son magnifique « Figure 8 »), pour redécouvrir le groupe sur scène en 2012 dans une série de festivals.
Nous patienterons encore jusqu’à cette année 2017 pour le mode album-tournée et Paris décroche sa timbale grâce à Arte.
(©crédit photo : Laetitia Mavrel)
Toujours munis d’un écran projetant diverses vidéos toutes plus oniriques les unes que les autres, nous retrouvons le groupe en mode classique, avec en arrière-plan la percu assurée par Aaron Burtch (indéboulonnable casquette vissée et clope au bec) et Tim Dryden, et en premier plan, le bassiste à la voix d’ange Kevin Garcia et Jason Lytle, vissé lui derrière son synthé ou prenant place à la guitare en respectant scrupuleusement sont périmètre attitré. Bref, ça ne danse pas sur scène, mais le chant et la qualité du jeu compensent l’extrême timidité du personnage.
Il manque la guitare : ça n’était en effet pas Jim Fairchild, pour des raisons qui m’échappent et qui je l’espère n’étaient qu’occasionnelles …
(©crédit photo : Laetitia Mavrel)
Il faut néanmoins reconnaitre une chose : depuis 2003 et la tournée « Sumday », le choix de la set-list a vraiment perdu en pertinence. Grandaddy, qui peut se vanter d’avoir un répertoire de B-sides, démos et autres raretés extrêmement copieux, a malheureusement perdu l’habitude de nous en agrémenter les concerts. Dès lors, du classique en ossature de leur show (« Now it’s On », « Crystal Lake », « AM 180 », « Summer Here Kidz »), parsemé de quelques nouveautés (toutes à priori non maitrisées en live, dixit Monsieur Lytle lui même, lorsqu’on lui réclame « A Lost Machine », un des titres le plus féérique du dernier album).
(©crédit photo : Laetitia Mavrel)
Pas de prises de risques, mais pourquoi donc ? Les fans de Grandaddy les aiment pour leur originalité et leur identité qui sort tellement des sentiers battus…
Néanmoins, c’est devant un public totalement sous le charme que le concert se déroule et c’est donc avec une très grande impatience que nous attendons la suite (pour le moment quelques dates à venir cet été : Bordeaux, Lyon et Nîmes), espérant prochainement une tournée plus dodue !
Et grâce à ARTE, le streaming à cette adresse :
http://concert.arte.tv/fr/grandaddy-arte-concert-festival
Set List
Hewlett’s Daughter
Laughing Stock
Way We Won’t
The Crystal Lake
So You’ll Aim Toward the Sky
Evermore
Jed’s Other Poem
Levitz
A.M. 180
I Don’t Wanna Live Here Anymore
Now It’s On
He’s Simple, He’s Dumb, He’s the Pilot
Encore :
The Boat Is in the Barn
Summer Here Kids
(Article réalisé par Laetitia Mavrel)
(©crédit photos : Laetitia Mavrel)
(Grandaddy – Way We Won’t)
-> Site : http://www.grandaddymusic.com
-> facebook : facebook.com/grandaddymusic