Reportage Rock en Seine Day 4 – 28 août 2022

Quatrième et dernière journée de cette édition de Rock en Seine qui a misé sur la longueur tout en ayant à jongler avec différentes attentes de la part des festivaliers, en grande partie maintenant dans la vingtaine et avide de musiques plus urbaines et modernes. Ainsi ce dimanche se veut particulièrement éclectique dans ses choix, ce qui ouvre bien plus à la découverte pour une majorité du public.
 
Rock en Seine 2022
 
Qui dit dimanche dit départ précoce et dès le saut du lit, la fatigue commençant sérieusement à se cumuler depuis jeudi. C’est donc sous un soleil implacable qui ne nous aura pas fait défaut que nous débutons sur le rock très frais et très imprégné du sceau des 90S des filles d’ Ottis Cœur. Trio français qui a eu les honneurs de la première partie des dorénavant célèbres Wet Leg au Point Ephémère à Paris au printemps, Ottis Cœur aide la petite masse présente au Bosquet à se réveiller et à se laisser porter par leurs riffs de guitares pétillants plutôt simples mais très efficaces. Sourires visés aux lèvres et légère émotion de se trouver enfin parmi les grands festivals, Margaux et Camille, à la tête du groupe, remercient de leur peps les courageux ayant tiré un trait sur la sieste pré-concerts.
 
Ottis Cœur
Ottis Cœur
 
Dernière des premières scènes de la grande scène (vous suivez ?) la tâche incombe à Holly Humberstone, jeune rockeuse anglaise qui nous rappelle sans aucune moquerie une certaine Avril Lavigne à ses tout débuts, du fait de sa stature et de son look. Mais la comparaison s’arrête là car Holly Humberstone prêche une pop rock bien plus douce, et seulement accompagnée d’une batteuse, passe de la guitare au clavier pour nous interpréter d’une voix encore timorée de jolis titres qui auraient trouvé bien plus d’écho sur une petite scène. Mais ne nous y trompons pas, cette dernière ayant raflé le prix de la révélation aux derniers Brits Awards, son aura risque de se décupler bien rapidement.
 
Holly Humberstone
Holly Humberstone
 
Passage direct sur la Cascade avec toujours dans le registre des jeunes chanteuses rock FM anglaises Griff, ou de son vrai nom Sarah Faith Griffiths, qui du haut de ses 21 ans à peine propose une pop un peu plus racée, dont la rythmique portée par un jeu de batterie affirmé fait osciller les chansons entre electro pop et RnB un peu sucrée. De quoi émerveiller les très jeunes spectateurs qui semblent déjà avides du répertoire de la jeune chanteuse qui nous avoue être très émue d’être ici, se revoyant en plein confinement dans sa campagne anglaise isolée composer des chansons sur ses cahiers d’école sans jamais s’imaginer une seconde les interpréter de par le monde à peine deux ans après. La joie irradie de Griff qui clôture son set avec une reprise de I Wanna Dance With Somebody de la diva Whitney Houston, avec un timbre de voix qui ne renierait pas feu son interprète.
 
Griff
Griff
 
Le voyage continue vers la grande scène pour ce qui sera la sensation pop féminine de la journée, tout droit issue des fjords norvégiens, Aurora. Jeune interprète déjà très assurée, Aurora Aksnes propose une synth pop très symphonique et éthérée, tout en interprétant ses titres avec une fougue qui sied à ses paroles militantes. Porteuse de messages féministes et humanistes, Aurora, toute de blanc vêtu, semble survoler la scène dans sa robe blanche vaporeuse. Courant tout du long, venant se rapprocher autant que possible du public, la chanteuse se voit rejoindre par Pomme, sensation pop française qui interprète avec elle le titre Everything Matters, rendant ainsi l’expérience encore plus émouvante pour les jeunes fans. La force de caractère d’Aurora habilement dissimulé derrière ce look d’ange aux yeux bleus glacés nous rappelle le personnage énigmatique de Bjork à ses débuts. La voix d’Aurora n’est pas aussi puissante mais sa fantaisie convainc les spectateurs de tout âge et de tout genre.
 
Aurora
Aurora
 
Passant quelques instants sur le Bosquet pour la dernière fois du festival devant le chant soul et envoutant de Joy Crookes, le départ est précipité pour prendre place à nouveau à la grande scène pour le concert de la soirée (hors tête d’affiche qui est officiellement Stromae mais sur laquelle nous assumons totalement de faire l’impasse, vous êtes prévenus), avec la pop électro de Parcels. Encore une perle venant de la lointaine et fascinante Australie, Parcels et ses cinq trublions persistent depuis 2018 et trois albums colorés ( Parcels, Live Vol.1 et Day/Night) à nous régaler de leur pop synthétique fleurie mais jamais naïve. Preuve en est la foule présente au pied de la grande scène, dont le golden pit très honorablement rempli, qui à l’heure où le jour commence doucement à décliner n’aura de cesse de danser et d’acclamer littéralement les musiciens, très touchés par cet accueil. Pourtant régulièrement présents en France, car basés à Berlin ce qui facilite les temps de transport, Parcels réussissent à affiner leur style tout en maintenant cette ligne fraiche et toujours juvénile à souhait. Avec leurs titres malicieusement illisibles pour nous pauvres français ( Tieduprightnow, IknowhowIfeel, Somethinggreater …) et une reprise réussie de Likke Ly et son hymne dance floor compatible I Will Follow, Parcels réussissent leur entrée dans la cour des grands du festival. Avant que la foule ne se disperse entre pro et anti Stromae, Parcels font l’unanimité pour ce qui sera un des meilleurs concerts de cette édition.
 
Parcels
 
Que dire de ce retour de Rock en Seine, après ces deux années de fortes incertitudes quant au devenir des festivals et de l’industrie de la musique live en général ? Que le COVID-19 n’aura pas réussi à le mettre à terre, bien que son statut de grand l’en préservait un maximum. Malgré les remaniements plus que contestables s’agissant de la jauge toujours plus haute et invivable, le manque de personnel et de formation de ce dernier au vu des queues gargantuesques aux stands et aux buvettes, ainsi que l’immonde golden pit dont on espère qu’il ne sera qu’un mauvais souvenir l’an prochain, le bilan est positif et le rituel pré-rentrée des concerts à St Cloud nous permet de retrouver un semblant de normalité dans ce monde qui part tout de même sérieusement à vau l’eau. Vivement l’année prochaine !
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