reportage
Sideways 2017, un bon cru sous le soleil de minuit
Le festival a démarré en douceur avec la chanteuse finlandaise Iisa, en solo après sa carrière avec le charmant groupe Regina, puis plus bruyamment avec les finlandais de The Holy qui se définissent eux même comme un groupe de Heartland rock et Kraut rock. Disons qu’ils correspondent plutôt au second genre musical et l’acoustique des anciens entrepôts n’aidaient pas la sensation de fouillis sonore, mais néanmoins un fouillis intéressant et intense.
La première grosse surprise fut le groupe anglais Slaves, un détonnant duo de punk hardcore formé en 2012. Seuls sur scène, Laurie Vincent à la guitare / basse et Isaac Holman à la batterie et au micro (oui, le mec joue de la batterie en chantant !), font un bruit d’enfer et il est impossible de résister à leur enthousiasme. Les anglais étaient heureux d’être là et ça se sentait. Si leur musique en tant que telle n’est pas d’une originalité renversante, ils compensent largement par leur énergie et leur humour. Holman se démène comme un beau diable torse nu et on ne peut que sourire devant autant de joie pure de jouer une bonne musique punk et de la faire partager.
Un des concerts les plus attendus (en tout cas par moi !) étaient The Thurston Moore Group. Faut-il préciser que Sonic Youth est l’un des groupes qui a marqué ma vie ? Bref, le voir sur scène là juste devant moi et entendre CETTE voix que je reconnaitrais parmi mille autres, a été un vrai cadeau. OK, ce n’est pas Sonic Youth mais je ne pourrais jamais m’en approcher plus près (surtout que Moore vient de déclarer qu’une reformation du groupe n’aurait pas lieu. Larmes qui coulent à intérieur…). Pour tout dire, je ne connaissais pas les chansons mais c’était Thurston Moore, cela m’a suffi amplement. La voix, la guitare, le son, l’intensité, tout était là. J’ai fermé les yeux et j’avais 15 ans de nouveau… Peut-être que dans un club enfumé ça aurait mieux fonctionné que sous le soleil écrasant (oui même à 21h, le soleil est encore écrasant à Helsinki) mais ne faisons pas la fine bouche, ce fut un régal.
Après on enchaine avec The Editors. Avant le concert, un sage ami me dit : « Les trucs qu’ils faisaient avant c’était super, maintenant c’est de la m… « . Verdict ? Mon ami a raison. Les chansons des albums plus anciens ont la puissance et l’intensité de The National (magnifique en album et sur scène). Ce que The Editors font maintenant me rappelle plutôt The last Shadow Puppets, que je l’ai ai vu l’année dernière à Flow et désolée de le dire mais non, très peu pour moi. Je suis partie quand les choses ont tourné au vinaigre, ou plutôt devrais-je dire à la guimauve… Dommage.
Direction les entrepôts (je rappelle que Sideways est organisé dans les anciens abattoirs d’Helsinki…) pour écouter le très apprécié finlandais Huoratron, tellement apprécié qu’on ne pouvait même pas entrer à cause de la foule compacte… Qui est Huoratron ? Commençons par le nom, en finnois « huora » signifie, comment dire, « femme de petite vertu » pour être poli… Voilà qui est dit. C’est le projet musical de l’artiste Aku Raski, figure de la scène électronique depuis 2003. Sa musique est minimale, puissante, sans concession. Pour un public averti.
La grosse tête d’affiche de la première journée était DJ Shadow, le vétéran de la scène hip hop expérimentale américaine. J’avoue avoir un faible pour ce genre de concert en festival et DJ Shadow a donné un sacré bon show pour finir la soirée en beauté. Il y a les beats, il y a les lasers, il y a les images et on se laisse emporter. La pénombre commençait tout juste à tomber sur Helsinki, où bientôt le soleil ne se couchera quasiment pas, et la musique était bonne…
Dernier petit détour pour aller écouter les finlandais de Räjäyttäjät, un groupe de rock que je ne connaissais pas. Finalement j’ai fini en chantant en finnois à tue-tête donc on peut les considérer comme plutôt efficaces…
Day 2, toujours sous le soleil !
La journée démarre dans les entrepôts avec les finlandais de Hidria Spacefolk, un groupe de psychedelic rock et de space rock. Un gros son, un chanteur avec une coiffe d’indien en plumes, on est mis dans l’ambiance du festival tout de suite.
Retour vers la lumière avec l’une des meilleures surprises de cette édition : les finlandais de Death Hawks. 4 garçons, du psychedelic rock (encore !) avec un peu de blues ici et là et du saxo. Je précise garçons mais il m’a fallu une demi-heure pour réaliser que les deux jolies jeunes femmes sur scène étaient en fait des mecs ! J’étais trop obnubilée par le magnifique kimono en soie porté par le chanteur(e) ! Belle présence, bon son, voix riches, un vrai plaisir pour les yeux et les oreilles.
Prochain arrêt, les suédois de Radio Dept et leur dream pop sympa saupoudrée de shoe gazing avant l’un des groupes que j’attendais avec le plus d’impatience : Dinosaur JR of course ! Bon, que dire ? Encore un trip nostalgique, encore une de mes idoles d’adolescente mais pourquoi bouder son plaisir ? Comme celle de Moore, la voix de J. Mascis est tellement reconnaissable, comme gravée dans nos mémoires. L’entendre live est un pur bonheur. Dinosaur Jr n’ont plus rien à prouver, le son est là, intact, pur et ça fait tout simplement du bien.
Ensuite un peu de hip-hop avec les Londoniens de Section Boyz, histoire de faire une petite pause avant d’enchainer avec Chelsea Wolfe. Personnellement, je ne connaissais pas et ça m’a étonné de voir la salle pleine à craquer, apparemment je devais être la seule à ne pas savoir qui était cette jeune femme. Elle rentre sur scène sous les cris de la foule, belle, toute de noir vêtue, et là, la musique explose. Dans ma naïveté, je croyais qu’elle était une chanteuse à la guitare acoustique, j’ai été bien surprise par le son énorme des guitares goth tonitruantes et sa belle voix chaude. Mélange pour le moins surprenant de black metal et de folk (apparemment scandinave car la demoiselle est d’origine norvégienne). On comprend la fascination que Chelsea peut provoquer chez son public.
Je m’éclipse un peu avant la fin (les tympans un peu palpitants malgré les bouchons d’oreilles) pour aller voir un des groupes que j’attendais le plus (dans un tout autre genre) : les Norvégiens de Röyksopp, les pionniers de la scène électro de Bergen. Bouquet final du festival dans la pénombre à peine perceptible et sous un ciel encore bleu pâle où les mouettes planaient. J’avais placé pas mal d’espoir sur ce show pour finir en beauté cette journée et je n’ai pas été déçue. Ils ont commencé avec le superbe « Monument », originalement chanté par la suédoise Robyn, et interprété sur scène par une autre chanteuse suédoise : Jonna Lee. J’avoue être biaisée car j’adore littéralement « Do it again », l’EP que Röyksopp a enregistré avec Robyn en 2014. Rien n’égale la formidable Robyn mais Jonna Lee a fait son petit effet en entrant sur scène comme une sirène tout de blanc vêtue, ses longs cheveux blonds flottant au vent. Le groupe a joué l’intégralité de l’EP, pour mon plus grand bonheur, ainsi que des compositions plus anciennes et plus récentes, comme celles en collaboration avec la superbe Karin Dreijer Andersson de The Knife. Niveau expérience totale, Röyksopp a vraiment été le clou de Sideways 2017. Ce fut presque un déchirement lorsque minuit sonna et que Röyksopp dû arrêter sa musique envoûtante. Tout le monde avait envie de crier ‘Do it again and again and again and again’…
(Report réalisé par Gwenaëlle Bauvois)
(©crédit photos : Gwenaëlle Bauvois)
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