chronique
POND
/ Album « Tasmania »
/ Sortie le 1er mars 2019
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The Weather a déjà surpris lors de sa sortie par son style majoritairement synth-pop.Les textes portaient néanmoins pour quelques uns sur des sujets profonds comme l’environnement avec le très bon single 3000 Megatones.
Amorcer des thématiques sérieuses sur fond de musique pop était un défi brillamment relevé par le groupe à ce moment là. L’évolution logique est donc Tasmania qui lui se sépare sans scrupules du son dancefloor pour nous délivrer des morceaux plus longs, plus atmosphériques et extrêmement bien travaillés. Les échos ne sont pas lourds, la rythmique ne sonne pas creuse, l’amplification et la distorsion sur les voix peuvent parfois donner un petit air ampoulé mais n’entrainent de ce fait pas de lassitude.
Le seul élément qui ne change pas et qui va surement rassurer les fans de la première heure est la voix mélancolique et enrouée à l’infini de Nick Allbrook. Mais ici, point de montée braillarde, la musicalité des morceaux ne s’y prêtant pas.
Les thèmes de l’environnement et des inégalités de notre bonne vieille société capitaliste sont évidement à l’ordre du jour: « I might, I might go shack up in Tasmania, Before the ozone goes, And paradise burns in Australia » dans le titre Tasmania;
« Helplessly detained, overstayed, Guessing I can’t complain, Wish you were here, Change of atmosphere, I’ll just wait with baited breath, And dream I’m on the frontier » dans Goodnight PCC , le thème des migrants étant cher à nos amis qui n’ont de cesse de dénoncer les camps de réfugiés sur les ilots bordant les côtes de l’Australie;
« Well, I’m sorry for everything we’ve done, I’m sorry for the glory of the queen, the glory of the gun,I’m sorry, I don’t know what else to say » dans Shame et le complexe de cette société privilégiée blanche en Australie, lourd héritage rejeté par les jeunes générations.
Le texte est politique et militant, la musique elle est angélique, comme si elle se devait d’aider à ce que les messages marquent les esprits en adoucissant le ton sur lequel ils sont délivrés. Un rock fougueux qui faisait le son des premiers opus aurait donné une toute autre nature à cet album, cela nous aurait sûrement distraits et éloignés de la profondeur des thèmes.
Tasmania est un album qui à la première écoute sonne tout simplement agréable et propice à la détente, voir à un « mood lover ». Pour celles et ceux qui ne lisent – ne traduisent – ne comprennent – pas les paroles, la patte Kevin Parker l’emportera sur tout le reste. Pour d’autres, il risque d’y avoir éloignement car il est évident que les afficionados de rock ne seront pas comblés. Rassurez-vous, Pond fait toujours la différence sur scène, car en général le répertoire des débuts n’est pas boudé. Mais cet album ne sera t-il pas l’occasion d’aborder le live différemment ? Première réponse pour la France au festival We Love Green le 2 juin à Paris.
(chronique : Laetitia Mavrel)
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