chronique

EF
/ Album « We Salute You, You and You! »
/ Sortie le 04 Novembre 2022

// L’évocation du post-rock peut, à certains égards, refroidir un auditoire habitué à un genre musical souvent connoté de pompeux. Pour se développer, la musique a besoin d’espace, elle exige une immersion dans laquelle la perception est ralentie, elle devient un rempart à l’accélération extérieure du monde, une manière de contenir la fuite du temps. Autant la particularité cinématographique et hautement mélancolique du post-rock a ouvert de nouvelles voies, autant les malentendus le concernant lui ont valu d’être jugé à l’emporte-pièce et d’être répudié à son apogée.

EF semblait avoir tiré sa révérence depuis 4 longues années et une discographie initiée en 2003.
Basé à Göteborg, le groupe s’est illustré avec « Give me beauty or give me death ! »,  véritable pont avec leur nouvel album : les similitudes sont révélatrices d’une évolution sonore, d’une élévation de la composition dans son essence la plus fondamentale.

Outre l’adjonction de cordes, de cuivres renforçant le côté épique de l’oeuvre en question, le quatuor fait la place au chant, et celui-ci est magistral (Wolves Obey!), s’insinuant dans les mélopées homériques, de courts interludes (Nio) jusqu’aux incantations monumentales de Apricity, on ne décèle pas la moindre incartade dans l’ensemble des 7 titres de ce manifeste musical. Cette capacité à saisir une image magnifiquement focalisée, si fluide et naturelle, à cristalliser l’inspiration au moment même où elle prend forme, passant du froid au brûlant, c’est un univers sonore qui transmet des sensations sans qu’elles n’aient besoin d’une explication rationnelle pour en décoder le message.

Pelagic records signe une nouvelle fois un groupe capable de briser les codes du genre et de le reconstituer en une nouvelle entité sonore. La route est tracée ailleurs que dans un rêve.

(chronique : Franck irle)

Share

Vous aimerez aussi...