chronique

WET SATIN
/ Album « Wet Satin »
/ Sortie le 12 Août 2022

// Dans la jungle des productions musicales, les Lumerians ont toujours oeuvré dans leur propre territoire, celui d’une musique dont la torpeur est identifiable par des sonorités tropicales passées sous la moulinette de synthés modulaires, de percussions lascives et de guitares acides. Les textures que propose le groupe Californien ont tous les attraits d’une musique héliotropique dont la moiteur évoque un état de transe interlope. Transmalinnia (2011) ou Transmissions From Telos Vol. III (2014) restituent à merveille l’esprit multidimensionnel des Lumerians, puisant dans les myriades infinies du psychédélisme où l’on perçoit des voix venues de lointaines galaxies. Spécimen en voie d’extinction, constituant un véritable bestiaire, chaque titre émet un signal, une fréquence hypnotique.

La discographie des Lumerians garde cette tendance ascendante, une montée vertigineuse vers l’astre solaire, enluminée par un artwork soigné. Call of the void sorti en 2018 est resté dans l’ombre, la nuit n’échappant pas à l’inspiration musicale du groupe. Curieuse hybridation psyché-kraut, Tyler Green, Luis Vasquez, Christopher Musgrave, Marc Melzer et Jason Miller, continuent d’explorer les multiples dimensions d’une musique vibrante, élastique et même dansante. Les Lumerians parviennent à s’extirper de la répétition en plaçant les synthétiseurs en avant, avec une dynamique bien plus torride ( Silver Trash) évoquant les structures torsadées de Neu ou de Can.

Nouveau projet après la dissolution des Lumerians en 2020, le duo Wet Satin (Miller et Melzer) diffuse ses parfums de caramels fondus et ses relents de lave volcanique, propulsant des pulsations ondulatoires proches de la musique psycho-tropicale. Première écoute, premiers effets d’une fièvre soudaine que procure WitchKraft Singles provoquant des mouvements de contorsions incontrôlables. Cette atmosphère planante subsiste à grands renforts de rythmiques afro-funk cosmiques.

Happés par le foisonnement de ces spirales sonores, nous voici immergés dans cette moiteur jamais incommodante qui entraîne le corps à se trémousser de manière lascive, une salive dégoulinante mêlée à la transpiration, fruits d’une extase où l’espace se disloque.

Transportés dans les vapeurs d’un club souterrain, dansant à tout rompre, les sonorités rétro-futuristes de Colored Tongues s’agrippent directement aux oreilles, la guitare n’étant pas étrangère à ce magnétisme irrésistible, appuyée par des boites à rythmes massives. Les basses ronronnantes de FonzieDance4U s’aventurent vers un dub éclaté où scintillent des synthés modulaires.

Il flotte une fluidité tout au long de ce disque remarquable, qu’il en devient le compagnon idéal pour les nuits d’été où l’on se plait à regarder la voie lactée tourner lentement dans une luminosité surnaturelle.

(chronique : Franck irle)

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