chronique

WAILIN STORMS
/ Album « The Silver Snake Unfolds »
/ Sortie le 21 Juillet 2022

// L’existence nécessite une interprétation, la captation de signaux que l’on retranscrit dans l’art, en musique, en littérature ou en peinture permet une émancipation transitoire hors du temps.
La création est prélude à une aliénation, celle d’une déception entre le résultat et la dilution de l’oeuvre dans l’inconnu. Le compositeur se livre alors à une anatomie imaginaire du désir.
Wailin Storms est en quête perpétuelle de cet état de grâce, depuis leur premier long format « One Foot In The Flesh Grave » (Magic Bullet Records) paru en 2015, lequel déploie une intensité hallucinée, un condensé torturé que vient atténuer « Walk« , parenthèse éphémère qui augure ce côté hanté, crépusculaire.


(©Artwork : Ron-Liberti)

C’est avec « Sick City » (2017) que le groupe signe sur le label Polonais Antena Krzyku, confirmant l’intention d’explorer plus profondément les abysses de l’âme. En arrière-plan, se dressent des paysages désolés, où prédominent des couleurs de suie. La trame de Wailin Storms est avant tout basée sur des visions inspirées de mythologies régionales, du folklore.

Puissance et fébrilité mêlées à une moiteur marécageuse renforcent cette cohésion que l’on retrouve dans l’album suivant « Rattle » (2020), disque tellurique et obsédant. Synthèse des deux précédents albums, affûté avec une précision désarmante, on entre dans une toute autre dimension, où ombre et lumière sont à l’unisson. « Rope » vient rompre les racines référentielles de la musique, avec ce chant prophétique, incantatoire. Une noirceur épaisse qui laisse filtrer une lumière perceptible dans un décorum funèbre.

Disque de chevet, idéal pour les moments de solitude, « The Silver Snake Unfolds » est empli de cette mélancolie fantomatique où cette constante tension ne perd pas un iota de sa puissance. Au travers des vapeurs, au coeur du brasier, on approche lentement pour se pencher au bord d’un gouffre volcanique, hypnotisé par cette matière métamorphe, se plonger « In the heart of the sea« , corps et âme, passé au feu purificateur. On en ressort « Broken in Three« , où chaque élément rassemblé trouve son unité. Oeuvre introspective dont la sensibilité jamais exacerbée semble être contenue dans une sphère protectrice.

Véritablement, ce nouvel album constitue la pierre angulaire qui comble les interstices du temps et de l’espace. Rarement, un groupe aura autant exprimé cette asthénie avec une telle beauté.

Le groupe entame une tournée aux Etats-Unis, il ne reste qu’à patienter pour les voir enfin en Europe.

(chronique : Franck irle)

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