Reportage Rock en Seine Day 3 – 27 août 2022
3e journée à Rock en Seine et fréquentation à son maximum avec 40 000 personnes présentes au Domaine de St Cloud. C’est donc avec une certaine difficulté à passer d’une scène à l’autre et à grand renfort de masques jetables qui trouvent une toute nouvelle utilité en tant que barrière anti-poussière que nous entamons une journée placée sous le signe de la musique électronique. Et toujours avec le sourire.
Un départ dès 14h45 et en guise de digestif, le concert de Perfume Genius à la Cascade, alias Mike Hadreas, compositeur interprète de Seattle qui avec sa formation nous propose quarante minutes de synth pop tantôt dansante, tantôt plus douce, mais toujours avec un jeu de scène de la part de l’artiste des plus expressive. Avec déjà cinq albums studios en dix années d’existence, Mike Hadreas continue de laisser s’exprimer sur scène la passion qu’il insuffle dans ses messages militants pour l’égalité de tous, et sa pop souvent symphonique permet au public, en grande partie composée de jeunes pousses, de découvrir un artiste engagé et débordant d’énergie. Malgré l’heure précoce et le soleil étourdissant, la foule ne cessera de danser et au vu du taux d’occupation de la journée, la Cascade affichera complète dès son premier spectacle.
Passage sur la grande scène où se produit un des meilleurs espoirs de la folk féminine américaine en la personne de Lucy Dacus. Irradiant le public de son sourire, tentant de dissimiler une certaine timidité face à cette gigantesque fosse (complètement vide du côté du golden pit, on imagine le malaise des artistes à cette vue), Lucy Dacus tient pourtant d’une main de maitre un set qui fait la part belle à un rock épuré mais puissant, en passant de la guitare électrique à l’acoustique de façon très fluide. Nous régalant de plusieurs interventions en français dans le texte, la jeune femme elle aussi fortement impliquée dans la lutte contre toutes les sortes de discriminations rallie son public avec une reprise toute en douceur du Believe de Cher qui aura le mérite de mettre toutes les générations d’accord. Une artiste rayonnante qu’on recommande néanmoins dans des conditions plus intimistes.
A l’heure des premiers apéros (17h30, avec modération on ne le répètera jamais assez), il est temps de remonter vers la Cascade pour un premier set électro avec Lewis Ofman. Le musicien producteur fait éblouir le Domaine de St Cloud avec une scène toute en blanc, lui-même vêtu intégralement d’un costume blanc aussi impeccable que kitch. Passant alternativement sur ses trois synthés, le set est festif mais un peu répétitif sur la longueur. Les teufeurs les plus motivés ont déjà tombé depuis un moment les tee-shirts et bien que la fosse se vidant rapidement pour ce qui va suivre, Lewis Ofman offre une séance d’échauffement efficace.
La raison de cette migration soudaine ? L’arrivée de La Femme, qui comme IDLES jeudi ont gravi les échelons de Rock en Seine, des scènes premiers talents à la grande scène. Groupe fanfare français teinté de pop vintage et rigolote, La Femme joue de la situation avec ses membres en costumes patte cintrés blanc et noir avec pelles à tarte, comme en hommage à John Travolta dans La fièvre du samedi soir. Bien que toujours dans l’après-midi, les membres nous servent une setlist best of puisée dans sa discographie avec en point d’orgue les tubes Sur la planche et Antitaxi. Les musiciens passent des instruments au micro à la percussion ou tout simplement à la danse, et à leur tour se rient de la scission fosse / golden pit mais n’en n’économisent pas moins leurs efforts. Pour les plus néophytes comme pour les fans de la première heure, la pop bubble gum et yéyé de la Femme est quoi qu’il arrive une valeur sûre pour passer un excellent moment.
Retour à la grande scène après une pause que l’on se sera octroyé au détriment du concert d’Izia pour retourner danser au son des platines de Jamie xx. Membre de The xx, qui tenait la tête d’affiche il y a de cela quelques années, Jamie Smith offre un DJ set en guise d’apéritif qui grâce aux projections sur les écrans géants du public nous transporte comme sur les plages d’Ibiza (les substances en moins). Pas mal de titres chipés à ses collègues (The xx et Oliver Sim solo), la DJ list fait son office mais tout le monde conviendra que le show eut été plus apprécié en toute fin de soirée.
Après un passage éclair et très difficile vers la Cascade où se produit le duo français The Blaze, à grand renfort d’une scénographie faite d’écrans modulables et de projections vidéos de leur propre création, la course se fait vers la grande scène pour la troisième tête d’affiche du festival en la personne de Kevin Parker et Tame Impala. Habitués de Rock en Seine depuis leurs débuts, les australiens (et Julien Barbagallo le français à la batterie) viennent présenter leur dernier album The Slow Rush, sorti en 2020 avec une scénographie impressionnante : écran géant et vidéos psychédéliques, roue modulable munie de projecteurs qui viendra tel l’anneau d’une planète monter et descendre encerclant ainsi le groupe et projetant de multiples rayons de lumières à l’horizontale comme à la verticale. Les titres du dernier album ayant clairement pris la couleur de l’électro danse, le décor et les effets se plient parfaitement à leur musicalité.
Au milieu de tout cela, un Kevin Parker toujours aussi timide mais dont le chant est très affirmé. Souriant et échangeant quelques paroles avec son public à 100% acquis, la communion se fait surtout sur les titres précédents avec Elephant, Nangs, Eventually, The Less I Know The Better, les trois derniers issus de Currents. On regrettera un peu que les deux premiers albums InnerSpeaker et Lonerism n’aient pas été un peu plus exploités.
La séquence forte en émotion restant l’interprétation de Let It Happen, hymne planant et envoutant où les canons à confettis font leur office. Tame Impala devenu un groupe de stade n’en perd néanmoins pas sa fraicheur et la gentillesse et la modestie de ses membres restent un atout précieux malgré les millions de fans.
C’est avec des confettis plein les cheveux et des tonnes de larsens dans les oreilles malgré les bouchons que le retour à a maison se fait avant la dernière ligne droite du festival.