Reportage Rock en Seine Day 2 – 26 août 2022
Deuxième journée au Domaine de St Cloud où l’on respire un peu mieux car le site ne fait pas le plein en ce vendredi de pré-rentrée. Et c’est tant mieux car le programme ne s’annonce pas moins chargé que la veille. C’est à nouveau le rock qui domine mais sous des formes plus variées et brassant plus large niveau nationalités. On chausse ses vieilles baskets ou ses Birkenstocks pour les plus aventureux et c’est (re)parti.
Toujours sous le soleil éclatant qui ne nous quittera pas de toute la durée du festival malgré les prévisions alarmistes d’il y a quelques jours encore, nous débutons cette après midi à l’heure du gouter (16h30) sur la grande scène avec Aldous Harding, chanteuse néo-zélandaise qui nous propose depuis une petite dizaine d’années maintenant une indie folk douce et racée à la fois. Simplement accompagnée de ses quatre musiciens, la musicienne porte la difficile responsabilité d’entamer la journée sur la grande scène, ce qui est synonyme de défi pour attirer l’attention des spectateurs soit encore ensommeillés suite à leur courte nuit, soit désintéressés car ayant investis le premier rang en attendant la tête d’affiche. Qui au passage ce soir n’est rien d’autre que Nick Cave.
Mais cette situation ne semble pas désarçonner Hannah Harding qui interprète un set de 45 minutes toute en sobriété et douceur. La voix porte loin et permet de se mettre lentement mais surement en jambes pour ce qui va être encore une belle journée peu propice aux pauses casse-croûte tant les concerts s’enchainent.
Mais cette situation ne semble pas désarçonner Hannah Harding qui interprète un set de 45 minutes toute en sobriété et douceur. La voix porte loin et permet de se mettre lentement mais surement en jambes pour ce qui va être encore une belle journée peu propice aux pauses casse-croûte tant les concerts s’enchainent.
Et quel programme ! Direction la Cascade avec l’excellent groupe New-yorkais DIIV, qui avec leur rock shoegaze entêtant se surprennent à déchainer les foules dans une fosse pleine dès cette fin d’après-midi. Forts de trois excellents albums depuis 2012 ( Oshin, Is This The Are et Deceiver ce dernier sorti en 2019), les Américains au look décontracté et très 90s nous servent trois quart d’heure de guitares pénétrantes et saturées à souhait, le tout servi par la voix angélique de Zachary Cole Smith, débarrassé de ses démons et affichant une zénitude qui fait plaisir à voir et à entendre. Étonnés de cet accueil, et nous avouant qu’il s’agit probablement du public le plus vaste devant lequel ils se produisent dans notre contrée, DIIV quittent trop rapidement la scène mais nous laissent heureux et comblés.
Retour à la grande scène pour The Limiñanas, en version classique sans Emmanuelle Seigner ni Anton Newcombe mais qui seront rejoint plus tard dans le set par l’ami Bertrand Belin. Toujours menés par Marie et Lionel, au sein d’un groupe qui se veut égalitaire et non axé sur leurs fondateurs, leur rock psychédélique et empreint de notes garage sombres, ces dernières renforcées par l’écran géant projettant d’imposantes formes hypnotiques telles qu’on les perçoit au travers d’un kaléidoscope, se déploie comme une vague venant se briser sur les plages de leurs Pyrénées orientales natales.
Fans comme néophytes acquiescent devant le charisme de la formation qui bien que peu loquace transpire une force et une quiétude qui confirme leur importance dans le petit monde du rock français.
Fans comme néophytes acquiescent devant le charisme de la formation qui bien que peu loquace transpire une force et une quiétude qui confirme leur importance dans le petit monde du rock français.
Afin de continuer à hocher la tête et à chalouper nos hanches, nous courrons vers la scène du Bosquet où nous attendent les pétillantes Los Bitchos. Groupe composé de quatre filles de provenances aussi variées que l’Uruguay, l’Australie, l’Angleterre et la Suède, leur rock instrumental qui se gorge de sonorités psyché, pop bubble gum, de rythmiques latino et autres textures vintage très années 70 est un plaisir à chaque rencontre. En effet, on ne se lasse pas de la joie qui rayonne du groupe et le fait de ne pas mettre en avant une chanteuse permet une réelle harmonie sur scène. Groupe que l’on peut autant apprécier en festival que dans une petite salle, Los Bitchos sont définitivement la caution bonne humeur de la journée.
Une petite pause méritée et un set bien mal calibré de London Grammar entendu de loin, les choses sérieuses débutent devant non pas les pionniers de la musique électro que sont Kraftwerk, mais bien avec Squid, cet incroyable groupe de Brighton qui nous régale depuis son EP Town Centre fin 2019 et son brillant premier album Bright Green Field en 2021. A cinq sur scène, avec le batteur chanteur Ollie Judge qui frappe aussi fort qu’il hurle, les Anglais investissent la scène et assurent avec leur maelstrom d’influences qui varient du post punk au free jazz, en passant par l’expérimental et l’ambient rock, toujours saupoudré de ce qu’il faut de cuivre grâce à la trompette du multi instrumentiste Laurie Nankivell, un set de très grande qualité.
Vus et fortement portés aux nues depuis leur prestation parisienne au Trabendo fin 2021, les Anglais n’ont eu de cesse de progresser dans leur pratique live et bien que dissimulés derrière l’ombre gigantesque des vétérans allemands, ils en sortent la tête haute et en profitent pour décupler l’énergie mis en œuvre pour ce set d’une heure et 10 minutes, aussi concis et efficace que diablement exultant.
Vus et fortement portés aux nues depuis leur prestation parisienne au Trabendo fin 2021, les Anglais n’ont eu de cesse de progresser dans leur pratique live et bien que dissimulés derrière l’ombre gigantesque des vétérans allemands, ils en sortent la tête haute et en profitent pour décupler l’énergie mis en œuvre pour ce set d’une heure et 10 minutes, aussi concis et efficace que diablement exultant.
Enfin, la seconde tête d’affiche de ce festival prend place sur la grande scène et c’est ainsi que la quasi-totalité des festivaliers présents en cette soirée rentre en communion avec le pape du rock australien Nick Cave. La foule (dont notre golden pit, qui bien que presque rempli, n’échappera pas à sa petite pique de la part de Nick Cave décidément en grande forme ce soir) entre dès les premières secondes en transe devant le musicien qui grâce aux estrades posées devant le public peut déambuler devant ce dernier, s’écrasant en vagues à ses pieds. Fendant la foule à de très nombreuses reprises, se jetant sur les bienheureux qui l’accueillent à bras ouverts, courant de la scène à la fosse sans une seconde de répit hormis celles où il se place au piano, Nick Cave exécute un set de 2 heures qui brasse large niveau répertoire et rappelle que ce dernier n’a plus rien à prouver.
Les réactions du public vont de la folie furieuse aux pleurs intenses, les fans le plus érudits comme les non-initiés littéralement envoutés par le timbre de voix caverneux et le charisme brulant du musicien. L’heure tardive et la course au métro sont vite oubliées et les deux heures défilent sans crier gare face à l’imposante présence de l’australien qui malgré les années qui défilent ne perd pas une miette de son aura et de sa prestance. De quoi faire de doux songes jusqu’à la suite des évènements.
Les réactions du public vont de la folie furieuse aux pleurs intenses, les fans le plus érudits comme les non-initiés littéralement envoutés par le timbre de voix caverneux et le charisme brulant du musicien. L’heure tardive et la course au métro sont vite oubliées et les deux heures défilent sans crier gare face à l’imposante présence de l’australien qui malgré les années qui défilent ne perd pas une miette de son aura et de sa prestance. De quoi faire de doux songes jusqu’à la suite des évènements.