interview

Expressions de corps en mouvements sur une musique electro mouvante et poésie des mots aux humeurs mélancoliques, c’est ce que vous propose le trio Lausannois Proksima.
Un univers aux multiples paysages, nourri de sensible créatif à découvrir au plus vite !

Comment est né ce projet, quel en a été le point de départ ?

Au point de départ, il y a la rencontre entre les univers créatifs d’Anouchka et Paola qui a donné naissance au projet Noi-siamo, une exploration à travers l’expression corporelle, la photographie, la musique et la vidéo de l’« être » dans son essence nue, au propre comme au figuré. Plus explicitement, à travers la création artistique, il s’agit d’une part de chercher l’union avec la nature et, d’autre part, d’interroger les limites, les rapports de force, les contraintes et les stéréotypes inhérents à nos sociétés civilisées.

Si le corps est l’élément fondateur de Noi-siamo, c’est la musique qui est l’impulsion première de Proksima. Elle trouve sa résonance dans les mots, la danse et l’image en mouvement. C’est autour de cette dernière que la rencontre avec Elodie s’est faite. Elle explorait au travers de la vidéo la question de l’intimité, de l’intériorité se dévoilant au détour de l’anodin. De ces rencontres successives est donc né Proksima, avec l’envie, voire le besoin, de laisser s’exprimer pleinement nos inconscients, de créer un espace où nous avions la pleine liberté de nous confronter, d’explorer, de dénoncer et de questionner des thématiques qui nous interpellent, nous heurtent ou nous bouleversent, et ce, sans concession. Les divers médiums de création se répondent, se complètent et apportent chacun de nouvelles dimensions expressives qui nous permettent de partager avec, peut-être, plus d’écho encore ce qui nous anime.

Des rencontres, d’abord Anouchka et Paola puis l’arrivée d’Elodie. Une complicité qui s’est créée dès les premiers instants, portée par les mêmes désirs, les mêmes envies, les mêmes buts ?

Nous avons la chance d’avoir une réelle complicité qu’il ne faudrait surtout pas voir comme une forme de symbiose béate, mais comme un espace de discussion constant avec la liberté comme règle première. Nos rencontres respectives nous ont amenées à avoir envie de partager cet espace de création, car nous sommes portées par des émotions communes, bien que chacune d’entre nous possède sa propre personnalité ! Au niveau de la conception créative, Anouchka écrit et danse, Paola compose et chante et nous nous retrouvons toutes les trois sur la réalisation des clips. Mais, loin d’être cloisonnés, nos univers, nos moyens d’expression s’élaborent dans un dialogue permanent.

Pour chacune d’entre vous, comment ressentez-vous la musique, l’art visuel, l’expression du corps et l’écriture ?

Paola : frissons, mémoire, bouleversement, introspection.
Anouchka : mouvement, transformation, toucher la vie, empreinte.
Elodie : sensible, onirique, fulgurante, essentielle.

5 albums, trois avec du texte, deux sans paroles. Une manière différente d’aborder l’écriture, la composition, musicale, visuelle, chorégraphique ?

Profondément, nous ne voyons pas de différences majeures entre les albums instrumentaux et ceux de chanson. Il s’agit avant tout de se laisser guider par l’instant par nos envies. Dans nos deux premiers opus, l’absence de textes pourrait s’apparenter à une quête de l’existentiel, à un espace musical ouvert entièrement sur l’imaginaire où seuls les titres peuvent servir de guides.

Les textes se sont imposés dans nos albums suivants, car la poésie est un moyen d’expression privilégié pour Anouchka et que les mots nous permettaient d’ouvrir de nouveaux horizons, d’interpeller l’autre dans son imaginaire concret. Au fond, chaque morceau est pour nous un renouvellement, il n’y a pas de contraintes, pas de routines, juste des possibles…

L’album « Fragments de Liberté », un titre d’album qui résonne avec l’actualité et les restrictions, les interdictions…que nous connaissons actuellement dans le monde de la culture. Comment ressentez-vous cette situation, vous donne-t-elle davantage de matière pour la création ?

La situation actuelle est étouffante et contraignante, tant dans la sphère privée que sociétale.

L’illusion s’estompe, nous sommes bien mortels, menacés par l’infiniment petit et noyés dans l’immensité. Malgré ce face-à-face violent avec la réalité, la création artistique demeure un espace unique de liberté, un exutoire sans limites, une échappatoire qui permet de donner du sens à l’insensé. Même si les barrières se dressent, elles ne sont pas entièrement étanches, il faut savoir chercher les failles salvatrices qui permettent de s’envoler, il faut transformer le réel pour le rendre supportable. Si « Fragments de liberté » a été réalisé avant la crise sanitaire, il est vrai qu’il y répond pleinement, mais c’est à plus large échelle que nous avons pensé cet album.

La collaboration avec Guillaume Mazel pour le clip « Le Syndrome de A »

Nous avons rencontré Guillaume Mazel au travers des écrits qu’il nous a consacrés. Guillaume est une magnifique plume et un dessinateur hors norme dont la profondeur nous a marquées. C’est pourquoi nous lui avons proposé de collaborer pour le clip d’un titre qu’il appréciait particulièrement : « Le syndrome de A ». Il s’agissait de faire se rencontrer nos univers respectifs. Les dessins de Guillaume sont la toile de fond sur laquelle le corps d’Anouchka s’exprime pour donner vie aux émotions enfouies. Le mouvement naît de l’instant capté et se métamorphose dans une osmose entre le trait et la silhouette. Cela a été pour nous un réel plaisir de travailler sur ce clip et, surtout, un magnifique échange.

Votre participation pour le livre « Regards » de Patrice Verry.

Patrice Verry et Guillaume Mazel nous ont invités à participer au travers d’une chanson au livre « Regards ». Un magnifique et rare projet, regroupant illustrations et textes, qui sortira au mois de novembre 2020.

Nous avons, tout de suite, aimé la liberté accordée à chaque artiste, l’hétéroclisme dans le partage, avec une thématique qui, rien n’arrive jamais par hasard, a pleinement coïncidé avec une réalité vécue. De là, Anouchka a écrit le texte « Regard d’ailleurs » qui s’intégrera au recueil avec la publication du texte et en parallèle seront diffusés la chanson et un clip. Nous sommes vraiment ravies d’avoir pu participer à cet enthousiasmant et unique projet et remercions Patrice pour son audace.

Un dernier mot à dire, d’autres désirs, envies à partager ?

L’envie et le besoin de créer sont toujours bien présents, peut-être davantage encore dans l’incertitude constante actuelle. À cela s’ajoute, l’aspiration à partager nos réflexions, nos idéaux, nos blessures, nos désillusions, nos rêves, nos colères, nos pleurs et nos rires. Nous continuons donc notre démarche avec un nouvel album en perspective et toujours sans compromis. L’essentiel étant pour nous de ne jamais trahir notre authenticité.

Site : http://www.proksima-music.com/
Facebook : https://www.facebook.com/proksimamusic

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