chronique

NWAR
/ Album « Beyond The Sun »
/ Sortie le 17 Juin 2022

// On ne manquera pas d’arguments pour qualifier « Beyond The Sun » – second long format du duo Nwar – comme une oeuvre solaire, à l’image de cet astre menaçant irradiant de mille feux, une substance glaciale comme échappée d’un trou noir.

La singularité de Nwar est cette force magnétique tournant à plein régime qui aspire tout ce qui se trouve sur son passage. Leur précédent EP paru en 2020 sur le label Head Records résonne encore dans les mémoires comme une déflagration fulgurante, complexe et fascinante. Une partition instrumentale où se laissent deviner des mots, des fulgurances de langages perceptibles dans des formes rythmiques.

Ce qui est troublant chez Nwar c’est cette capacité à renaître des cendres du passé. Nicolas à la batterie (Drive Blind, Tantrum) accompagné des riffs incisifs de Laurent (Lunatic Age) réitèrent avec un long format élargissant les cadres formels du Sludge. Un spectre musical poussé aux confins des possibles, un pilonnage en règle, l’impression d’un orchestre qui délivre sa pleine puissance. Le mix est d’une qualité monolithique avec une dynamique imposante. « Good American Boy » ouvre le bal et déballe en deux minutes une déferlante rythmique de haute volée.

Agrémenté d’extraits sonores empruntés à des documentaires, la thématique du duo Montpelliérain est d’autant d’actualité qu’elle est le miroir d’un monde en déclin. Sur scène, le duo déploie toute l’intensité contenue dans leurs compositions. Une fluidité anthracite où un lent fondu au noir cinématographique dégouline pour envahir les espaces contigus. Avec « W10 » on s’enfonce encore plus profondément dans une chape de plomb, la batterie de bûcheron et les guitares filandreuses sont chargées d’une force monumentale. « Beyond the sun » s’aventure vers des contrées oniriques, puissamment émotionnelles avec ce piano entêtant, ses ambiances fascinantes éclatant en bouquets noise, un magma métamorphique d’une incroyable densité. Mention spéciale pour le titanesque « Ashes » qui assène ses coups comme sur un ring, on en sort revigorés.

Une nouvelle fois, Head Records nous gratifie d’un disque hors du commun qui mérite d’être honoré à sa juste valeur, une oeuvre sans aucun remplissage, une exploration musicale au travers du temps et de l’espace, comme si le duo vous regardait à travers un télescope, en millier de versions différentes.

(chronique : Franck irle)

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