chronique
THE SIRENS OF TITAN
/ Album « Age of Treason »
/ Sortie le 23 Août 2023
Nous sommes entrés dans un âge où les conflits intérieurs se sont emparés des canaux de communication, pauvres turlupins repliés sur nous-mêmes, obsédés par la primauté de notre existence qui prévaut sur celles des autres. Le titre suivant, « Age of Treason« , n’a jamais autant été en adéquation avec la pochette de l’album. Miroir aux alouettes, nous sommes pris à notre propre jeu, seule apparaît cette souffrance qui n’épargne personne. John-Paul Pryor secondé par Jez Leather n’est pas novice dans l’art de l’écriture, entourés de trois musiciens, le duo qui n’en est plus un, déploie son spleen, comme la rencontre d’une musique folk avec la fée électrique. « Glass Scorpion » donne le vertige, une piqûre qui anesthésie le corps mais libère l’âme. Malgré les mélodies foisonnantes, les harmonies vocales angéliques, la thématique est d’une tristesse à pleurer, « Bunny » en devient même californien par la steel guitar ( I don’t believe in America) tout en étant son contraire.
La mélancolie est la palette de toutes les couleurs assimilables aux sentiments, elle est l’antidote à la mort, elle nous éclaire tout en nous enténébrant. Chaque composition avance ses pions, et cette voix, d’une pureté maladive, enfonce encore le clou, la souffrance devient un exutoire (mention spéciale pour le moment de grâce « Bury me in black sand« ). De facture presque classique, dans sa structure, l’album peut aisément être considéré comme un magnum opus. On s’accroche à chaque accord, chaque mot, tout est ici livré dans sa plus humble expression.
The Sirens Of Titan mérite d’être considéré à ce titre comme le disque compagnon de cette saison, et bien au delà, un album du quotidien.
(chronique : Franck irle)