chronique
LA PIETÀ
/ Album « L’innamorata »
/ Sortie le 25 Novembre 2022
Et puis peu à peu, La Pietà se révèle, s’épanouit pleinement dans sa musique et sillonne les scènes de l’Hexagone. Un travail colossal et une volonté de défigurer les mots, de leur donner un autre sens, une attitude outrageuse qui traduit une furieuse envie de faire passer une multitudes de messages émancipateurs.
« L’innamorata » est un tournant, imposant un chant sensible, se cognant à la réalité, où l’intensité est toujours présente, la langueur des chagrins hâlés estompés par la caresse de la lumière, la douleur transmutée en impétuosité. Dans ce baromètre de l’âme, il y a autant de questions que de réponses mais inversement, le coeur s’ouvre et libère ses maux avec ces coups de rasoir. Contrairement au titre d’ouverture « Indécise« , La Pietà fait l’inventaire d’un monde en plein désarroi, un futur voué à ses contraires. Sur le piano, se greffe cette introspection qui s’adresse à l’humanité, le manque d’une présence.
Sur « J’pédale » accompagné de Govrache (auteur de 4 albums et compositeur pour Ridan), on se prend à rêver d’un duo avec Daniel Darc, les paroles s’entremêlent avec une complicité incomparable. « La faute à pas d’chance » avec son refrain (la vita è bella) renoue avec la « chanson à textes », on pense à une Jeanne Moreau des temps modernes, mais plus encore à Juliette (J’aime pas la chanson). L’éventail des influences est vaste, les références sont hétéroclites, revendiquant une vénération envers Courtney Love. Chansons à danser, à méditer, en roues libres, « L’innamorata » est l’expression de ce qui frétille, démange, dérange, l’amour sous et dans toutes ses formes. Clairement, La Pietà jongle habilement avec la prose et la poésie avec ce côté corrosif hérité des années Punk-Rock.
(chronique : Franck irle)