chronique

LA PIETÀ
/ Album « L’innamorata »
/ Sortie le 25 Novembre 2022

/Mise au point, remise en question personnelle, ce qui était ajourné et en suspens dans les écrits de Virginie alias La Pietà se métamorphose en une identité musicale combinant slam, chanson, electroclash. La Pietà, dans son étymologie originelle est la mère inconsolable (Mater Dolorosa). Avec Virginie, elle devient l’incarnation d’une quête de remèdes possibles face aux désillusions liées à l’amour. Une écriture envisagée d’ailleurs comme thérapeutique.

2020, année charnière, après de nombreuses dates et plusieurs EPs, le premier opus « la Moyenne » est édité en format cd et vinyle. En complément, La Pietà griffonne son futur bouquin et anime des ateliers sans compter les nombreuses activités reliées à son projet et des produits dérivés qu’elle confectionne. Sur scène, elle porte un masque, une symbolique incarnant une catharsis, mais aussi la volonté de se fondre dans une forme d’anonymat, en référence aux masques Vénitiens.

Et puis peu à peu, La Pietà se révèle, s’épanouit pleinement dans sa musique et sillonne les scènes de l’Hexagone. Un travail colossal et une volonté de défigurer les mots, de leur donner un autre sens, une attitude outrageuse qui traduit une furieuse envie de faire passer une multitudes de messages émancipateurs.

« L’innamorata » est un tournant, imposant un chant sensible, se cognant à la réalité, où l’intensité est toujours présente, la langueur des chagrins hâlés estompés par la caresse de la lumière, la douleur transmutée en impétuosité. Dans ce baromètre de l’âme, il y a autant de questions que de réponses mais inversement, le coeur s’ouvre et libère ses maux avec ces coups de rasoir. Contrairement au titre d’ouverture « Indécise« , La Pietà fait l’inventaire d’un monde en plein désarroi, un futur voué à ses contraires. Sur le piano, se greffe cette introspection qui s’adresse à l’humanité, le manque d’une présence.

Sur « J’pédale » accompagné de Govrache (auteur de 4 albums et compositeur pour Ridan), on se prend à rêver d’un duo avec Daniel Darc, les paroles s’entremêlent avec une complicité incomparable. « La faute à pas d’chance » avec son refrain (la vita è bella) renoue avec la « chanson à textes », on pense à une Jeanne Moreau des temps modernes, mais plus encore à Juliette (J’aime pas la chanson). L’éventail des influences est vaste, les références sont hétéroclites, revendiquant une vénération envers Courtney Love. Chansons à danser, à méditer, en roues libres, « L’innamorata » est l’expression de ce qui frétille, démange, dérange, l’amour sous et dans toutes ses formes. Clairement, La Pietà jongle habilement avec la prose et la poésie avec ce côté corrosif hérité des années Punk-Rock.

(chronique : Franck irle)

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