interview

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Douze années d’existence et plus de 150 artistes programmées dont certaines ont depuis fait beaucoup parlé d’elles (La Grande Sophie, Holden, Elysian Fields, Shannon Wright, Catpower, Emilie Simon, An Pierlé, Camille avec Nouvelle Vague…) pour plus de 200 dates en France et à l’Étranger. Au fil du temps, Le Festival « Les Femmes s’en mêlent » qui honore la scène musicale féminine indépendante avec passion, curiosité et exigence est devenu un rendez-vous incontournable du printemps.

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Une interview de Stéphane Amiel, le Maître d’Oeuvre du festival, réalisée en avril 2009.

Comment est née l’idée d’un festival dédié aux femmes ? L’amour de la gente féminine, parce que la musique est plus sauvage, plus féline et authentique lorsqu’elle est faite par des femmes ?

J’ai toujours été impressionné par les artistes feminines et cela depuis mon plus jeune âge. Dès qu’il y a des filles, quelquechose de différent se crée et cela m’intéresse. L’idée du festival est venue tout simplement avec la Journée Internationale de la Femme, le 8 mars 1997. Je me suis dit qu’on pourrait fêter l’événement en créant un festival féminin. C’est né comme ça et l’idée est restée. Après on s’est rendu compte que la date ne convenait pas, que l’on souhaitait d’autres directions, donc on a tenté l’aventure une fois, deux fois et ainsi de suite chaque année jusqu’en 2000 ou par manque de moyens le festival n’a pas eu lieu avant de repartir de plus belle en 2001. Au fil du temps, « Les Femmes s’en mêlent » est devenu un rendez-vous incontournable.

Les inégalités Homme/Femme dans la musique. La scène musicale actuelle souffre-t-elle encore du machisme, de misogynie ?

Non, moins maintenant. À l’époque il y avait beaucoup moins d’artistes femmes c’est sûr. Lorsqu’on a débuté, on ne pouvait pas faire trois soirées, déjà deux c’était difficile ou alors c’était proposer des artistes que tout le monde avait déjà vu. Être innovant, pertinent, curieux, ce n’était pas facile. Maintenant on ressent de vraies différences, ça explose de partout ! Je pense que c’est grâce à Internet, MySpace. Tout le monde pouvant diffuser sa musique, les filles ont saisi cette opportunité et se sont exprimées sans complexes. Ainsi, toute une scène féminine est apparue, s’est développée. Une multitude de nouveaux groupes donc davantage d’artistes à proposer ! Il y a énormément de filles, actuellement et cela n’est pas fait pour me déplaire car selon moi, ce sont les meilleures, elles touchent davantage les gens.

Elles s’imposent davantage que les hommes, non ?

Oui, je crois qu’elles ont pris du poil de la bête, elles sont beaucoup plus présentes. Elles s’imposent, tout à fait, et on le remarque avec les gros succès du moment.

Elle n’est plus cantonnée à l’image de la folkeuse, non plus…

Heureusement il n’y a pas que ça même si ça marche beaucoup, par exemple Alela Diane, est un véritable succès. Mais c’est vrai, elles ont trouvé place dans tous les styles.,

L’édition 2009 est riche d’artistes de tous pays…Un festival ouvert à une multitude de couleurs musicales mais également d’idées…

Oui, une nouvelle saison très éclectique avec des artistes venus d’Argentine, du Brésil, du Danemark, de Finlande, des USA, du Royaume Uni…
« Les Femmes s’en Mêlent » est un festival ouvert sur la découverte à tous les niveaux. L’année dernière on avait fait venir un groupe de féministes Canadiennes « Lesbians on Ecstasy », ravies de s’ouvrir à des oreilles neuves, de toucher de nouveaux publics. Nous ne souhaitons pas de ghettos mais bien de la musique qui s’adresse à tout le monde.

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Le choix des artistes c’est toujours au coup de coeur ?

Il y a un peu de tout. Je valide chaque artiste qui passe au Festival, il n’y a pas de calcul opportuniste pour ça. Après il y a les rencontres et des groupes que l’on suit depuis plusieurs années et pour lesquels on attend le bon moment. On est un festival indépendant, on a donc besoin d’actualité. Lorsqu’un groupe sort son album au même moment ou durant la même période, c’est un argument supplémentaire. Et si l’on hésite pour tel groupe et que celui ci sort un album, nous travaillons ensemble car cela apporte de la visibité pour nous comme pour le groupe. On ne peut pas faire venir uniquement des coups de coeur, que des groupes inconnus car cela menacerait la viabilité du projet au fil du temps, l’idée est de doser, de mélanger les coups de coeur, les artistes qui sortent un album et seront un peu les locomotives du festival et de nouvelles formations à découvrir.

Une sorte de tremplin en quelque sorte ?

Oui…Une planche savonneuse ! (rires)

Certaines de tes découvertes ont pris un envol vers le succès depuis…

On ne recherche pas forcément les prochaines grosses têtes d’affiche mais oui, il y a des artistes reconnues qui ont fait leurs débuts ici : Feist, Camille de Nouvelle Vague, Émilie Simon, Cat Power… Je suis content pour elles.
Il y a des groupes qu’on a imposé, qu’on a choisi et qui ont pu trouver une distribution en France et sortir leur album. On joue parfois un rôle moteur pour des groupes méconnus en France, je pense à Under Byen et Jomi Massage, en provenance du Danemark. L’année dernière, Miss Li, une artiste suédoise pour laquelle on a pas encore trouvé de distribution en France mais cela ne devrait pas tarder. Lorsqu’il y a de l’intérêt, ces artistes peuvent rebondir et trouver quelquechose d’autre après.

Comment s’effectue le choix des lieux, des salles ?

Assez simplement, où est l’envie, le désir… Dès qu’un lieu souhaite programmer le festival, on réflechit ensemble aux modalités d’application.
Je propose, je fais la liste, le menu prévisionnel du festival que j’envoie à toutes les salles et mes contacts. Les retours se font fonction de la programmation et du style du lieu de concert, des repères qui nous permettent ensuite de proposer le type de couleur musicale correspondant au lieu, s’il est orienté plutôt rock, folk, electro…Et ensuite, on travaille ensemble, les programmateurs me font part de leurs envies et suivant les possiblités, les critères géographiques… on fait ou non. Il y a un canevas à faire, cela est complexe !

Et la crise actuelle qui touche le secteur musical et notamment les festivals, des répercussions sur les Femmes s’en mêlent ?

Non, aucune répercussion pour nous car nous sommes un festival indépendant. De ce fait, la crise on la connaît depuis le départ, ça ne change rien. On a jamais été subventionnés, nous avons investi notre propre argent dans le projet, on a toujours été dans la débrouille. Ce que je remarque, c’est qu’il y a moins d’argent dans les salles donc des plateaux moins chers…

Des rêves, des envies, des artistes que tu aimerais pour les prochaines éditions ?

J’aimerai faire venir Stina Nordestam mais je sais très bien qu’elle dira toujours non, elle ne fait pas de concerts. Sinon, j’aimerai que Le Tigre se reforme et vienne jouer lors d’une de nos prochaines éditions.

Merci Stéphane pour cet entretien !

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