interview
(Juillet 2020 – par Hervé Collet.)
Un projet né d’un désir d’expression vers l’autre, d’un besoin urgent d’exprimer sa passion de la musique ?
Le projet est né tout d’abord d’un besoin de créer, de faire de la musique ensemble. C’est venu naturellement, la complicité de la fratrie nous permet d’aller plus loin dans nos envies. Autodidactes, c’est la passion de la musique qui nous a amené à suivre cette voie. On a toujours écouté beaucoup de styles différents, on aime partager nos découvertes, échanger nos avis, comprendre ce qui nous intéresse dans un son. Cet échange on l’avait déjà bien avant Gelatine Turner mais on y trouve à présent une application pratique.
Le besoin d’expression est de l’ordre de l’exutoire et de l’épanouissement. C’est une nécessité et un plaisir, une manière d’apporter notre pierre à l’édifice. Nous pensons qu’en étant sincère dans notre démarche, notre musique trouvera son écho.
Un besoin d’explorer de nouveaux chemins émotionnels, d’expérimenter les sons qui les sublimeront, la recherche de compositions « parfaites » ?
On a l’habitude de commencer un projet par de longues discussions théoriques sur les thématiques, les sons et la forme musicale. Pour chaque projet de Gelatine on explore de nouveaux terrains dans la composition, dans l’interprétation, et le choix des morceaux s’affine en passant forcément par une phase d’expérimentation et de sélection.
Les émotions sont dictées par l’intime, on part de l’introspection pour aller vers des images à l’interprétation plus libre. On souhaite défendre par notre musique une sensibilité accrue, une tendance à la tendresse.
L’univers Gelatine Turner est d’un décor à l’atmosphère aux brumes teintées de mélancolie. La mélancolie, belle source d’inspiration ?
La mélancolie c’est plutôt un état d’esprit, c’est une interprétation des événements, du social, c’est un constat de fragilité. C’est aussi une manière de voir le beau dans le triste, nous ne voulons pas faire une musique naïve et je crois que c’est ce qui peut donner cette teinte.
La poésie des mots, les émotions que l’on souhaite partager en choisissant les belles rimes, le bon rythme. L’écriture, un moment intense dans la création d’un morceau ?
L’écriture est un processus continu. Ce sont des pensées, des émotions, retranscrites sur le portable ou le carnet, le jour comme la nuit. Il y a des moments plus ou moins intenses, c’est une question de phases. À partir d’un moment, on va partir des compositions pour trouver une mélodie, un flow. Il y a un aspect technique et poétique, l’idée c’est d’associer les deux pour trouver une formule juste. Pour « Toute la pluie tombe au même endroit« , par exemple, l’écriture a été particulièrement intense, je ressentais vraiment le besoin de me libérer d’un poids. En même temps je voulais que les images soient assez ouvertes pour que chacun puissent y voir son histoire. Il y avait un juste équilibre à trouver.
La musique pour sublimer le texte ou plutôt le texte pour traduire l’émotion de la musique ?
L’un ne va pas sans l’autre, avec Pierre on est animé par une vision commune, les compositions et les textes suivent une trajectoire émotionnelle très proche. Il y a un vrai aller-retour entre musique et voix, chacun donne son avis sur le travail de l’autre. La musique influe sur l’interprétation du texte, sur l’énergie, sur l’émotion du morceau. C’est l’instru qui donne la couleur, après, on est sur un format chanson, donc la voix passe au premier plan.
La conception, composition du EP « Derrière les Nuages » et sa thématique tournée vers le ciel.
On a commencé à travailler sur Derrière les nuages il y a à peu près un an. On a la chance d’avoir notre propre studio pour composer et enregistrer ce qui nous permet d’être autonomes et libre dans le travail de création. Pour cet EP on a voulu tester beaucoup de choses afin de trouver l’identité sonore du projet. Nous n’avons pas défini de concept particulier autour de l’EP, mais plutôt une ambiance, une orientation, un état d’esprit. On voulait que ce soit plus lumineux que nos précédents projets. Derrière les nuages, il y a l’amour et l’empathie.
Un ciel qui a manqué durant le confinement. Une période particulière qui a été vécue comme inspirante ?
On peut dire que c’était une période inspirante car dans un sens on a été libéré de beaucoup de contraintes du quotidien. C’était un moment qui pouvait s’apparenter à une sorte de retraite, bien que forcée. On s’est retrouvé face à nous-même, et c’était aussi le moment de faire le bilan sur ses choix de vie, et notamment sur l’avancée du projet. On a pu travailler à distance avec nos partenaires sur la sortie de notre nouvel EP « Derrière les nuages« . Enfin, c’était aussi le temps d’envisager la suite, de faire du montage vidéo, d’entamer de nouvelles compositions et écrire.
La suite, les désirs, des envies, des souhaits…
On a déjà une grande envie de remonter sur scène. À présent que l’EP est sorti on voudrait le présenter en live, aller à la rencontre du public. Nos recherches sont rendues difficiles par la situation sanitaire mais nous ne perdons pas espoir. Nous avons notamment obtenu une date pour le 25 juillet sur la Baie du Petit Bain. Nous allons continuer à défendre notre nouvel EP à tous les niveaux, un clip single sortira notamment à la fin de l’été.
Pour la suite, nous souhaitons engager de nouveaux partenariats et consolider ceux déjà entamés. Enfin, nous envisageons de réaliser un format plus long, plus ambitieux.
(photo : Charlotte Audoynaud / interview : Hervé Collet )
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