reportage
(©photo : Vincent Gaillard)
Joy Division était un groupe qui n’a existé que deux ans, de 1978 à 1980, un peu plus si l’on considère leur premier nom « Warsaw ». Autant dire que c’était un petit groupe issu de la banlieue de Manchester, Salford, endroit très pauvre, très défavorisé et très industriel. Un petit groupe comme il en existait des centaines un peu partout, des gens qui avaient grandi en écoutant Bowie, Iggy Pop, Velvet Underground, Can …etc. et qui tous se sont révélés après avoir vu la déferlante Sex Pistols.
Alors bien sûr, parmi tous les groupes de cette époque, même éphémères, beaucoup ont laissé de bons titres et même de bons albums. Certains ont fait carrière, sont devenus légendaires, tout aussi influents que Joy Division, d’autres n’ont fait que passer et ont marqué aussi leur époque. Époque que l’on nommera post-punk et qui fait encore tourner le rock aujourd’hui.
Pourquoi alors Joy Division, ce groupe composé de quatre gars âgés d’à peine plus de vingt ans, sachant à peine jouer de leur instrument comme bon nombre d’autres groupes influencés par la vague punk a t’il pu devenir une telle légende et la référence ultime d’un mouvement musical ?
Je pense que comme bien souvent les choses révolutionnaires arrivent toujours par accident, par hasard. Ici c’est bien sûr la rencontre de Bernard Sumner (guitare) et de Peter Hook (basse) qui souhaitaient former un groupe et sont partis chercher Stephen Morris (batterie) et Ian Curtis (chant). Quelques éléments qui ont fait l’alchimie, là où chacun y avait apporté sa pincée de magie. La façon de jouer de Peter Hook sur sa basse qui prenait la place du solo de guitare, le frappé nerveux de Stephen, les effets et rythmiques de Bernard et bien sûr, la voix de baryton de Ian et ses textes qui sortaient du côté punk, qui avait tendance à dire « j’emmerde la société », pour exprimer des choses beaucoup plus profondes comme « je m’ennuie dans la société ». Et puis il y a eu la production de leur premier album « Unknown Pleasures » par Martin Hannett qui a littéralement transformé les sons du groupe en y ajoutant des ambiances ce qui a eu l’effet d’une bombe et une véritable révélation pour le public. Tout s’est accéléré et ce petit groupe de banlieue est devenu en un claquement de doigt la référence d’une nouvelle vague.
Et la disparition brutale de Ian Curtis le 18 mai 1980 a mis un point final à Joy Division et ce succès incontournable que la sortie de « Closer » viendra confirmer deux mois plus tard ainsi que le titre « Love Will Tear Us Apart ».
Joy Division est un des groupes que j’écoute toujours avec admiration et sans lassitude au fil du temps. Il représente une sorte de nébuleuse que l’on n’atteindra jamais, qui reflète une époque de renouveau dans l’histoire du rock et quelque chose qu’on ne verra jamais car groupe mort-né. Il y a eu ensuite New Order qui n’a de liens avec Joy Division que leur premier album et un ou deux titres épars. Ensuite c’est autre chose, une autre histoire dont je n’arrive pas à faire le raccord.
La lumière…
En 2006 Peter Hook quitte New Order et, fort attaché à la mémoire de Ian Curtis, il décide de rejouer l’intégralité des titres de Joy Division sous la formation de Peter Hook & The Light. C’est ainsi peut être l’occasion de pouvoir toucher du doigt cette chose inatteignable.
(©photo : Vincent Gaillard)
La tournée s’intitule : « Joy Division : A Celebration ». Celle-ci s’annonce comme la performance de l’intégralité des deux albums « Unknown Pleasures » et « Closer ». J’arrive à l’Aéronef et déjà une foule attend à l’entrée de la salle. Un public de tous âges confondus, certains viennent même de loin pour participer à l’événement. Les T-shirts à l’effigie de Joy Division sont de sortie et on peut même en voir deux ou trois de Buzzcocks (groupe avec qui Joy Division partageait souvent la scène).
(©photo : Vincent Gaillard)
(©photo : Vincent Gaillard)
Et puis quelques cadeaux supplémentaires et incontournables pour finir en apothéose avec « Dead Souls », « Digital », « Transmission » et bien sûr « Love Will Tear Us Apart ».
Le public était comblé d’émotions, avec le sentiment d’avoir vécu un grand moment et un bel hommage à un homme, un groupe et une époque.
Pour ceux qui voudront en savoir plus sur ce merveilleux groupe, outre le fait d’écouter l’intégralité de leurs titres. Il existe 3 livres indispensables :
« Ian Curtis & Joy Division Histoire d’une vie » de Deborah Curtis la femme de Ian ou celle-ci fait revivre l’homme plutôt que le chanteur. Le livre contient aussi l’intégralité des textes écrit par Ian Curtis dont des inédits en version anglaise et traduites en français.
« Unknown Pleasures, Joy Division vu de l’intérieur » de Peter Hook. Excellent témoignage en toute simplicité et avec humour d’un des fondateurs du groupe. Très bien écrit, se lit facilement et d’une seule traite.
« Le Reste n’était Qu’Obscurité » de Jon Savage. C’est moi préféré ! Il contient les témoignages des protagonistes de l’époque et des membres et entourage de Joy Division. Cela suit chronologiquement la vie du groupe mais c’est aussi un très beau document sur l’époque et l’histoire de la musique et du rock à la fin des années 70.
Quelques concerts de Joy Division sont sortis et sont disponible en vinyle. Les plus intéressants sont « Live at Les Bains Douches » seul concert donné par le groupe en France et « Live at Town Hall » qui en plus du concert, contient des versions Sound check.
A voir le film d’Anton Corbijn « Control ».
Enfin plusieurs concerts de Peter Hook & The Light sont également disponibles en cd et vinyle.
-> Site : https://peterhookandthelight.live/
-> Facebook : https://www.facebook.com/peterhookandthelight