chronique

SHOB
/ Album « Voraces »
/ Sortie le 15 Octobre 2022

//Séance de rattrapage…Premier obstacle sur lequel je bute, comment faire le descriptif d’une oeuvre écrite par quelqu’un que l’on connait ? Je pourrais réduire cette chronique en un proverbial  » Shob fait le job » mais ce serait ignorer les spécificités de la composition dans ses multiples facettes.

Nous sommes rentrés dans un monde post-littéraire, post rock, post-machin, un fourre tout formaté, répertorié comme dans un catalogue où la moindre création est étiquetée. Ces catégorisations font dire ce qu’elles veulent, sauf comment la musique est pensée. Fini les gadgets préfabriqués vendus par l’industrie musicale, aux premiers rangs de cette scène revendiquant son indépendance, des artistes expriment avant tout, la pulsation qu’ils ressentent comme une expression personnelle mais aussi universelle.

Non il n’y a rien de démonstratif dans la musique proposée ici, sans jamais tomber dans le cliché, Shob arrive à retranscrire l’idée d’une musique avec ses références de base en détournant l’imagerie stylistique et désuette d’un genre musical maintes fois exploré. En cela, cette fusion Jazz-rock-prog-funk-soul est héritée de plusieurs décennies de pratique au sein de diverses formations (Eths, Qlay) et ce n’est pas un secret, le bassiste est devenu une référence en la matière. Cette discrétion lui vaut d’être considéré comme un génie du slap, mais aussi la réincarnation des grands noms du funk ( Graham Central Station, Bootsy Collins et toutes les variables P-Funk).

Accompagné des ex-membres et amis des groupes tels que Myrath, DurdN, « Voraces » démarre dans une explosion de riffs, la basse devient moog, les claviers se transforment et chaque instrument déborde du cadre qui lui est assigné. Avec ses passages jazz, la pâte métal n’est jamais loin, bien qu’en arrière plan. « The Calling » se caractérise par ce funk pachydermique agrémenté de la voix Soul de Célia Marissal, sublime et terriblement addictif, rendant le contour de cette composition totalement imprévisible. La prod’ est d’ailleurs, il faut le souligner, d’une qualité invraisemblable.

Chaque minute est une pure recomposition de l’atome, de la matière sonore. « La Trace » vous pousse à prendre un bon cocktail et à vous jeter sur la piste de danse, ça groove à mort, ça mord grave, c’est percussif. Et puis, la voix de Nirina sur « Fetish » c’est le croquant de la granulométrie !

C’est surtout un album détonnant qui mérite que l’on y revienne régulièrement pour se ressourcer ( mention spéciale pour Charpie) ou tout simplement renouer avec le côté feel-good qui manque terriblement à la musique. En un seul mot, ce disque est la pleine expression d’une musique résolument moderne, iconoclaste ! Génie !

(chronique : Franck irle)

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