chronique
MUDRIVER
/ Album « Mudriver »
/ Sortie le 15 Octobre 2022
Aurélien a trouvé la solitude nécessaire pour concevoir des compositions dont la puissance est évocatrice d’une dualité introspective. Le trio Dracénois signe un EP condensé de matière noire semblable a du charbon. Inévitablement on plonge de plus en plus profondément, une obscurité attendant d’être éclairée par la lueur de flammes, des coulées de boue d’où il est impossible d’échapper (Halfway Nowhere).
Graduellement, la noirceur se répand, comme du lierre sur les murs des drones qui se nouent dans des labyrinthes sombres. « Hate You » métabolise le désespoir et ses conséquences en une libération, presque thérapeutique. En tant que partisan de la dépression grunge, j’entends par là que Mudriver nous aide à toucher le fond pour mieux apprivoiser la douleur et pour s’en délester. C’est un passage inéluctable. Les distorsions robustes se greffent avec la section rythmique dans un équilibre étourdissant. Chaque face du vinyle a été calibrée dans la même durée afin de préserver cette dynamique que même Jack Endino a reconnu comme monumentale (il faut souligner le travail de l’ingénieur son de Coxinhell Studio).
Justement, Mudriver approfondit encore, creusant dans les sédiments, tel des archéologues de l’âme, dernière étape de cette descente vertigineuse. La frappe de Dylan est un véritable pilonnage, taillé sur mesure pendant que la basse bourdonne et vient s’incruster dans les oreilles. Un diamant brut dans un écrin de « voeu-lourd ».
Un disque poignant, fantomatique.
(chronique : Franck irle)
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