chronique

CHEAP TEEN
/ Album « Seneca Village »
/ Sortie le 3 Mars 2023

/Le terme post-punk peut paraître galvaudé par l’usage qui en est fait habituellement, qu’importe, la musique peut revêtir toutes les dissonances possibles, tant elle porte la marque abrasive d’une extension sonore et d’expérimentations nouvelles. À défaut de choquer les adeptes du philosophe et compositeur Théodore Adorno qui considérait la musique moderne comme médiocre, la scène actuelle a décidé de rompre avec les structures classiques couplet/refrain.


(pochette ©Lorenzo FURLAN)

Le groupe Cheap Teen a choisi, de par son nom, la voie d’une musique en phase avec son époque, puisant dans le jazz, le garage, le punk, le noise. « Useless » qui intronise l’EP est tout autant dans l’auto-dérision. La fuzz ronronne, la frénésie est brève et amorce le monumental « Sorry » dont la montée finale est vertigineuse, sensation d’une fusée que rien ne semble pouvoir arrêter. « Monster Hiding » est une sorte d’anomalie dans cet EP, le chant déviant de sa trajectoire sur une base presque tribale, entrecoupé d’explosions noisy. On pense à Can et à une multitude d’influences, mais le degré de dépassement est tel qu’il devient inutile de faire des comparaisons.

La sonorité poisseuse de « Gnome » confère au génie. Cette protubérance sonore est le résultat d’une réelle personnalité incarnée dans le texte et la forme mélodique. Il n’y a pas à tergiverser, CHEAP TEEN conclut avec brio, « 16 ways » finit par convaincre qu’il s’agit d’un ensemble cohérent, intro et final au diapason.

Si les intentions de « Seneca Village » sont évidemment brutes, il y réside une maîtrise dans l’art de restituer les beautés âpres de notre rythme circulaire, de nos cadences vides de sens. Vous voici prévenus, Cheap Teen s’écoute en boucle. On ne peut qu’être reconnaissant envers NRV Promotion de nous faire découvrir une telle musique.

(chronique : Franck irle)

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