chronique

ABOUKIR
/ Album « Digital Introversion »
/ Sorti le 2 Avril 2021

// En ces temps de crise, nous nous sommes donnés pour mission de vous faire voyager par le biais de la musique plutôt que de tourner en rond, nous vous invitons à tournoyer ensemble tels des derviches dans les cercles concentriques de disques qui nous ont captivé et c’est dans une abondance insoupçonnée que nous puisons allègrement pour extraire les nectars et parfums de ces fleurs folles que la musique engendre. Chez l’Oreille à l’envers, nous préférons puiser hors des filets de l’engouement général.

Penchons nous sur l’album d’Aboukir sorti récemment chez Rotary Phono Lab, signé du talentueux Ralph Maruani : pochette arty et titre évocateur d’une musique onirique. D’emblée, les volutes envoûtantes du titre « Digital Introversion » et son approche lo-fi parviennent à planter le décor, n’y a-t-il pas de perspective plus réjouissante que la lente dérive que procure Aboukir ? Le postulat d’une vie en apparence normale qui l’espace d’un instant se fige, n’est-il pas justement cet arrêt temporel qui permet au rêve de prendre sa place ?

C’est une invitation au voyage et une rupture avec le monde matériel que propose le titre « Cosmic Discomfort » qui nous rappelle vaguement Skinshape, avec ses brisures rythmiques inattendues, ses variations tonales et ses motifs psychédéliques.

Chaque titre s’enchaîne sans perdre le fil conducteur du précédent, qu’on en vient à se demander comment Ralph Maruani a réussi à synthétiser autant d’éléments acoustiques, électroniques et par quelle sorte de magie, l’ensemble a été combiné avec un tel brio. « St People » fait figure d’interlude avec ses embardées folk et ses teintes mélancoliques, « Moonlight Serenade » maintient le cap vers des contrées féériques, avec ses tremolos guitares captivants, chaque instrument déployant sa palette sonore telle une peinture aux couleurs dégoulinantes se mélangeant pour créer un ensemble homogène, une matière palpable qui vient enrober les lobes et se fondre dans chacune des membranes du cortex.

L’album se termine avec « A year from now », point d’orgue d’un disque immersif, totalement maîtrisé. On ne peut que se délecter de ces 8 titres en appuyant sur la touche repeat pour rejouer en boucle Digital Introversion.

(chronique : Franck irle)
(Artwork Album : Capucine Mattiussi)

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