reportage

cabaretvert2018
« Quelle galère !!! » C’est ce que l’on se disait encore quelques jours avant notre départ pour le Cabaret Vert édition 2018. Et oui Evelyne Dhéliat, Louis Bodin ou encore Nathalie Rihouet nous foutaient le cafard en annonçant la météo du weekend end avec grosses pluies et chute des températures à 10°C. Heureusement notre bon Groumpf Groin-Groin, Dieu-sanglier des Ardennes flamboyantes avait entendu notre désespoir et les jours passants, la tendance s’est faite à l’amélioration pour enfin nous offrir un samedi sous un magnifique soleil !!! Maiiis… il ne faisait pas chaud quand même… bon aller j’arrête et j’en viens au fait. (Cabaret Vert – du 23 au 26 Août 2018 – Charleville – Mézières) (Report du Samedi 25 Août 2018 – par Vincent Vince Picozine et Marjorie Marty)

Il y a un an, on découvrait le Cabaret Vert et on en est tombé amoureux, tant il regorge de surprises, d’éclectisme, des concerts exceptionnels, un festival de bd, du cinéma, des arts de rue, des conférences, des débats, des spécialités vendues par les producteurs du coin, de l’écologie, de la solidarité et des rencontres avec des gens merveilleux.

BLONDSTONE
On arrive sur les lieux dès l’ouverture, on fait le tour pour découvrir la nouvelle configuration 2018 histoire de se repérer un brin. Lorsque soudain nos tympans furent chatouillés par des notes de guitare acérées. Cela vient de la scène « Illumination » et c’est le groupe BLONDSTONE qui ouvre notre chemin dans le Cabaret Vert.


(Blondstone ©photo : Vincent Gaillard)

Ce trio Nancéen au look très classieux et élégant, nous envoie un son qui rappelle à nos jeunes années. Autrement dit on aurait pu se croire en 1994 par exemple et on aurait tous des albums de Blondstone qui tourneraient en boucle. Stoner diraient certains, Grunge diraient d’autres, pour nous ça ne fait pas de différence. Ça sonne aussi bien que le Rock nous colle à la peau. Tout ce que l’on peut constater, c’est que c’est sacrément bien foutu et qu’on n’est pas du tout dans la parodie. Les titres sont accrocheurs et mélodiques, les intros géniales, guitare Guild hollow body aux accords lourds, gras et lancinants. Franchement une bonne surprise de découvrir ce groupe régional à qui le Cabaret Vert donne l’occasion de se produire sur une grosse scène. On a adoré et on a bien envie de les écouter encore !

POGO CAR CRASH CONTROL
Direction ensuite vers la scène Zanzibar pour voir un groupe dont nous nous sentons naturellement attiré par le nom : POGO CAR CRASH CONTROL. Autant dire qu’avec un tel patronyme, musicalement ça ne doit pas faire dans la soupe. Quatre Musicos entre 20 et 25 ans débarquent sur scène. Olivier (guitare/chant), Simon (guitare/chant), Lola (basse) et Louis (Batterie). Autant dire qu’ils n’ont pas trop la gueule de l’emploi et on pourrait s’attendre à un groupe genre pop-rock mais à peine cette réflexion passée, la réalité des choses se fait sentir. Une grosse disto monte des enceintes pour laisser place à une intro menaçante et soudain ! Paaaf !!!! On se prend une de ces doses d’énergie en pleine face, décharge d’adrénaline dans nos veines. Ça part dans tous les sens ! Le concert commence avec « Déprime Hostile » (qui est aussi le titre de leur dernier album). On accroche tout de suite au style ! On les avait annoncé punk, certes, mais il y a autre chose. On sent des influences grunge, metal et ça donne un sacré cocktail avec rondelle de citron, petit parapluie et paille torsadée (Cf. pochette de leur album). Pas de relâche, les titres s’enchaînent tous avec une énergie de dingue. Coup de cœur pour le rap-hardcore de « C’est pas les autres ». Le public se tape d’énormes pogos, circle pitss, wall of death et j’en passe. Olivier scande tel un cri de ralliement entre chaque morceau « Charleville Mez… !!! » et le public répond en chœur « Yeaaaah ». Le titre « Comment lui en vouloir » semble plus posé, plus rock, plus froid,…tu parles ! Ça repart en live de plus belle avec un déchainement ultime avec « Crève ! » et le concert s’achève dans un « crash test » musical. Ce groupe nous a vraiment marqué et rien que pour ça la journée était gagnée. Ce que l’on ne savait pas c’est que ça n’allait pas s’arrêter là !


(Pogo Car Crash Control ©photo : Vincent Gaillard)


(Pogo Car Crash Control ©photo : Vincent Gaillard)


(Pogo Car Crash Control ©photo : Vincent Gaillard)

Histoire de se remettre de nos émotions, un petit tour du côté de l’Idéal où se déroule un véritable forum de société avec des ateliers permanents et des conférences toujours sur le thème de l’écologie et du développement durable. Et puis on bifurque vers le cinéma où sont projetés des clips des artistes présents sur le Cabaret Vert, des films et courts métrages complètements débridés et un super hommage avec « Chapeau Monsieur Higelin ! » regroupant clips et films documentaires de toutes les époques de sa carrière.

RON GALLO
Le concert suivant est celui d’un Américain tout droit venu de Nashville qui se nomme RON GALLO. Pour être honnête, c’est le hasard qui nous a poussés vers lui car on n’avait rien lu à son sujet et on ne savait même pas quel était son style musical. On voit donc un grand type mince arrivé sur scène, pantalon rayé, veste, sweat-shirt et casquette orange acidulée, genre look d’ado de la middle class américaine tout droit sorti des 70’s. Il est accompagné d’un groupe du même accabit, dont l’excellent batteur ressemblant à une sorte de Ringo Starr psychédélique qui aurait piqué les lunettes de John Lennon et un bassiste descendant du capitaine Haddock.


(Ron Gallo ©photo : Marjorie Marty)

Le concert commence par une reprise de « Something Stupid » de Franck et Nancy Sinatra, chanté de manière nonchalante avec des Lalala lancinants et dégoulinants. Ok ça commence bien et on se dit que ça va pas l’faire. Sauf que cachée derrière Ron, une superbe Fender Jaguar un brin customisée attendait et en général avec ce genre de joujou, on ne fait pas dans la dentelle. Bingo ! Au second titre, un bon rock garage avec un son bien crade, bien Low-Fi. Les titres du futur album « Stardust Birthday Party » s’enchainent dont le superbe « Always Elsewhere ». Ça donne vraiment envie de se bouger sur cette musique supersonique, Garage, Groovy, Psyché parfois à la limite du Punk, des solos distordus à souhait, on adhère sans concession à l’univers de Ron Gallo. Comme quoi le hasard nous emmène parfois vers de bonnes surprises !

Le Temps des Freaks
Et puis un incontournable endroit du Cabaret vert nous tend les bras. Là où entre les cabanes des monstres de foire, les spectacles de cirque ou de mentalisme, un antre forain où tout semble possible. Il s’agit bien sûr du  « Temps des Freaks ».

À peine passé le portique du Square Bayard, les plantes semblent avoir cédé à l’étrangeté du lieu, l’illusion et la fantasmagorie se dévoilent car tout en déambulant, devant nous à quelques mètres, apparaissent quatre êtres étranges. Des Mutants ? Des hybrides ? On ne sait pas trop bien. Il semble y avoir deux mâles et deux femelles, ils hennissent joyeusement et font des câlins aux gens. De grandes oreilles sont dressées sur leur tête et une chose inquiétante, c’est qu’ils trainent derrière eux un petit charriot d’où sort le crissement d’un compteur Geiger. (Attention jeu de mot !!!!) Plutôt ni-homme (plutonium), plutôt ni-cheval, c’est la compagnie « Les GOULUS » qui nous invite à les suivre pour nous présenter leur spectacle « TchernOcircus ».


(TchernOcircus ©photo : Vincent Gaillard)

Cette étrange famille de haute Ukraine post soviétique, survivante ou résultante de la catastrophe de Tchernobyl, débarque en Europe. En moins de deux minutes ils nous montent un véritable décor de cirque et là c’est parti pour un véritable délire burlesque. Jean-Lucovski, Olivanov, Galatéechniva et Julienovitch sont des fous furieux, ravagés jusqu’à l’os. En totale interaction avec le public, ça part dans tous les sens. Entre hennissements fous et langage non parlé, les tours s’enchaînent à la fois drôles et désopilants mais toujours jubilatoires. Musique, acrobaties, marionnettes, arts burlesques, danse irradient le public et nous contaminent de bonheur et de rire mais aussi de poésie et de tendresse. Inquiétant au premier abord, on finit par les trouver beau et attachant. On a adoré les voir et on est hyper fan, on rêve de voir leur nombreux autres spectacles. Revenez vite « Les Goulus » !!!

Tout cela nous ayant mis en appétit, on décide d’aller casser la graine dans l’un des 29 stands de restauration étalés sur site et ici on est loin des friteries douteuses et marchants de kebab à la sauvette. Il n’y a que du bon et du local dans la pure tradition ardennaise et artisanale. Mais pas question de se reposer trop longtemps car déjà la scène Zanzibar nous rappelle à l’ordre !

IDLES
Sur un fond de scène représentant une sorte d’énorme papier peint glauque couvert de camélias rouges, s’affiche le nom du groupe : IDLES. Arrivent alors, calmement, cinq gars au look assez désinvolte. Ils s’installent tranquillement lorsqu’une énorme saturation monte dans les enceintes pour donner lieu à une super longue intro, dressant un mur sonore prêt à s’écraser sur nous. Joe Talbot, le chanteur garde un air stoïque alors les deux guitaristes sont déchainés notamment Mark Bowen en épileptique déglingué qui fait à lui seul un véritable show (et qui n’hésite pas dans certains concerts à jouer uniquement vêtu d’un slip).


(Idles ©photo : Vincent Gaillard)

Le premier titre commence et on découvre une voix grave et cassée genre chanteur de taverne ou plutôt de Pub. Entre le Punk Rock et le Noise Rock, on n’a pas de mal à les classer entre Jesus Lizard et Fugazi. Au troisième titre on est littéralement conquit avec « Mother » qui est excellent. Suit « Danny Nedelko » dans la pure tradition du Punk British au refrain fédérateur. Plus le concert avance et plus cela devient un véritable exutoire. Le groupe se tape ensuite une sorte de délire a cappella sur une chanson de noël et c’est reparti pour une explosion sonore. Les deux guitaristes descendent dans la foule, assurent le concert fort loin de la scène puis quelques minutes plus tard remonte avec deux fans, leur filent leurs guitares et « Allez-y les gars, faites-vous plaisir, faites du bruit ! » Pendant ce temps Mark démonte la batterie et embarque une cymbale et repart dans la foule. C’est vraiment un concert de dingue, IDLES est tout simplement énorme et on en redemande. Le concert se termine dans un chaos total. A noter qu’ils viennent de sortir leur second album « Joy as an Act of Resistance » qui est une véritable bombe rock à ce procurer absolument pour les amateurs du genre. En ce qui nous concerne, c’est chose faite !


(Idles ©photo : Vincent Gaillard)

Whaoo, on n’en est pas sorti indemne, ça mérite bien une petite Chimay bien fraiche sous un claire de pleine lune. On passe devant la petite scène du Razorback où l’on aperçoit Pogo Car Crash Control qui fait un deuxième set et l’ambiance est aussi énorme. On est comblé et on décide de se poser un peu histoire de laisser décanter tout ce que le Cabaret Vert vient de nous offrir. La nuit est tombée et la température aussi. Il doit maintenant faire 10°C et les têtes d’affiche se profilent à l’horizon.

PHOENIX
Dans un premier temps PHOENIX, cet énorme groupe pop teinté de rock et d’électro qui représente la French Touch outre-manche et atlantique. Viens ici défendre son dernier album « Ti Amo ». Ils nous offrent un très bon concert dansant et plein de fraicheur. Certes on accroche un peu moins que ce que nous avions vécu tout au long de la journée. Sûrement la fatigue qui se fait sentir. Cela dit leurs chansons parsemées de tubes laissent dans l’air une bonne dose de vitamines sonores qui nous reboostent. Le public et très nombreux et hyper réceptif.


(Phoenix ©photo : Marjorie Marty)

SHAKA PONK
Arrive déjà le dernier concert et c’est SHAKA PONK qui s’y colle. Evidemment pas trop besoin de les présenter ceux-là tant ils sont actifs. À savoir quand même qu’à l’origine, c’était le rappeur BOOBA qui était programmé. Mais comme celui-ci n’a pas pu s’empêcher de faire le con, sa tournée à dû être annulée. Heureusement, le public n’est pas rancunier et de façon très sympathique, en attendant le concert des SHAKA reprend en chœur « Merci Booba, merci Booba, merciiiiii…. !!!! », amusant, non ?


(Shaka Ponk ©photo : Vincent Gaillard)

Le concert commence et on comprend dès l’intro que cela va être plus qu’un concert. C’est un véritable spectacle qui s’annonce avec un mur d’images de synthèse à l’ambiance post apocalyptique, mettant en scène le singe mascotte Goz. Frah et Sam entrent en scène et déchainent le public. Les tubes s’enchainent dans un rock sulfureux et heavy metal teinté d’un mélange de genre funk, rap, électro. On comprend pourquoi SHAKA PONK fut nommé meilleur groupe rock de l’année. C’est franchement explosif et même si ce ne sont pas eux qui nous ont le plus marqué, on est forcé de constater que c’est le groupe idéal pour clôturer la journée.

Voilà le Cabaret Vert édition 2018 se termine ici pour nous. Notre amour pour ce festival s’en trouve renforcé de plusieurs crans. Avec malgré tout le sentiment d’être passé à côté de plein de choses car indéniablement le Cabaret Vert offre tellement de choses qu’il est impossible de tout explorer en une seul journée.

C’est pour cela qu’on se promet de mettre tout en œuvre pour revenir l’an prochain et couvrir plusieurs jours, pouvoir assister à des conférences, aller à la rencontre des auteurs au festival de la bd, explorer d’autre scène et d’autres style musicaux car il faut savoir qu’il y en a pour tous les gouts et que le gratin de la scène rap, electro et bien d’autres était présents aussi cette année.

Et puis le Cabaret Vert c’est aussi des rencontres avec des gens de tous horizons dans le public, au détour d’un stand, entre deux concerts, derrière un verre. On se souviendra notamment de ce monsieur d’un certain âge qui se nomme Salvatore Bellomo et qui a été star du catch dans les années 70-80 à la WWF/E sous le nom de Wildman Bellomo et puis la rencontre avec Marion et Gautier qui font partie de la vingtaine de bénévoles qui accueillent les personnes en situation de handicap. A noter que sur le site du Cabaret Vert tout a été étudié pour l’accessibilité des personnes handicapées et cela fait partie des nombreuses initiatives innovantes que le Cabaret vert a mis en place et devrait être pris en exemple par de nombreux festivals.

Merci pour cette journée et à l’année prochaine !!!

Le Cabaret Vert a accueilli 94 000 festivaliers pour cette édition 2018 ! Préparez vos agendas pour l’édition 2019 du 22 au 25 Août 2019 !

(Article et photos par Vincent Vince Picozine et Marjorie Marty)

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