interview

No Format
Le label Nø Førmat!, né en 2004 sous l’impulsion de Laurent Bizot, a vocation de faire découvrir et défendre des artistes qui n’entrent pas dans les cases du prêt à ingérer musical actuel. Musiques libres, improvisées, atypiques, singulières ou métissées, le label comporte aujourd’hui plus d’une vingtaine de références telles que Ballaké Sissoko et Vincent Segal, ALA.NI, Mélissa Laveaux, Chocolate Genius Inc, Blick Bassy…Depuis 2005, le label organise aussi son propre festival, le No Format Festival, qui a eu lieu cette année en Octobre dans le très beau Théâtre du Châtelet. (Novembre 2016 – interview de Laurent Bizot, fondateur de Nø Førmat!par hervé.)

Nø Førmat!, un label qui s’intéresse aux artistes sortis des sentiers battus. Le désir de créer un label, un désir mû par la passion et la curiosité, un besoin d’être dans le plaisir du découvrir et l’envie partager ce plaisir avec le plus grand nombre ?
Le nom du label et le point d’exclamation à la fin de Nø Førmat! est inspiré du livre No Logo de Naomi Klein, c’est juste un signe de résistance contre le phénomène de formatage, qu’on trouve non seulement dans la musique, mais aussi dans toutes les disciplines culturelles dès lors qu’elle entrent dans la sphère commerciale. L’idée c’est de résister au formatage à notre manière, en proposant des projet différents, pas forcément bankables au premier abord.


Non formaté ne signifie pas pour autant trop décalé. Y-a t’il des critères de choix artistiques pour pouvoir avoir la chance d’être signé chez Nø Førmat!?

Il n’y a pas d’identité Nø Førmat! en terme de musique. Hip hop, piano, songwriting folk, musique africaine, musique instrumentale, vocale, peu importe tant qu’il y a un son, des melodies, ou une voix qui nous touche. On aime bien quand ça n’a pas été fait avant, quand l’artiste essaie d’explorer un territoire inexploré. Le projet de Nø Førmat! c’est l’acceptation et la mise à la disposition du public d’une multitude d’identités,- presque autant d’identités que de projets-, chaque projet pouvant avoir une identité elle-même multiple, métissée, créolisée.

En revanche il y a une vraie identité graphique, grâce au travail de Jérôme Witz, une identité qui réunit tous les visuels d’album, et créé une impression de collection. Mais remarquez que c’était le cas déjà chez beaucoup de labels dans les années 60 par exemple les labels de jazz Verve, Impulse.. Ou plus récemment ECM..


(ALA.NI : One Heart)

Multiples identités, multiples personnalités et multiples cultures, identités et cultures croisées pour des projets communs . Nø Førmat!, label « engagé », »participatif », aux valeurs artistiques mais aussi et surtout Humaines ?
Ce n’était pas vraiment conscient au début mais maintenant quand on voit les débats actuels, on peut dire que la vision du monde qui est derrière notre projet dessine une forme d’engagement. Vers un monde ouvert à l’autre, à l’écoute.

Le côté participatif il est clairement là avec le Pass Nø Førmat! C’est un peu comme dans les AMAP, les gens ne savent pas ce qu’on va produire quand ils s’abonnent, c’est donc qu’ils ont confiance en nous. Ce faisant, ils nous aident à construire notre indépendance vis-à-vis du marché, et donc à préserver notre niveau d’exigence artistique. On retrouve la plupart d’entre eux dans les concerts privés qu’on organise dans le cadre du Pass.


(Ballake Sissoko & Vincent Segal : Chamber Music)

La promotion des artistes sur les médias publics est elle délicate ? Il n’est sans doute pas facile de promouvoir un artiste qui n’est pas dans le « facile à digérer » ?
Non ce n’est pas facile, évidemment.. Heureusement on a en France quelques grands médias qui jouent leur rôle de découvreur, avec passion. Je pense par exemple à France Inter et Nova.

Quel est le public d’un concert organisé par le label ? Plutôt une audience pointilleuse, un public mélomane et curieux…? Pensez vous pouvoir vous adresser à un large public ?
Impossible de décrire le public type, il est tellement varié en terme d’âge, d’origine, de classe sociale.. C’est un public curieux avant tout. Mais la curiosité est tout de même une qualité largement répandue, donc oui le public peut-être très large. On l’a vu avec Gonzales, ALA.NI ou Ballaké Sissoko et Vincent Segal, dont la musique a touché un très large public. Aujourd’hui les gens sont bien plus ouverts musicalement grâce à internet.

De nouveaux projets, de nouvelles émotions musicales à découvrir bientôt sur le label, d’autres projets à venir ?
L’année prochaine aura sans doute des sonorités africaines, et sera marquée par les voix, avec notamment l’arrivée sur le label de la grande Oumou Sangaré.

noformatfestival

Être un label indépendant de nos jours, c’est difficile ? Plus en France que dans d’autres pays ?
C’est difficile partout, mais on est quand même privilégiés. Il y a une vraie action publique pour favoriser la diversité et la production. Ca va des systèmes d’aide par les sociétés de gestion collective issus de la loi de 1985 jusqu’aux programmes de crédit d’impôt mis en place très récemment par le ministère de la culture. Il y a de vrais outils en France pour aider les labels.
Merci M. Laurent Bizot pour cette interview !


(Chocolate Genius Inc : Detroit)

Le Pass No Format !
Pour un montant forfaitaire de 50 euros (ou 60 euros si vous préférez recevoir les albums en format vinyle), vous recevrez tous les albums produits dans l’année,
vous serez invité(e) à des concerts privés, à des répétitions, à des rencontres avec nos artistes, vous serez informés de tous nos projets, livres, expos, festivals, soirées, etc.
Un modèle économique coopératif par lequel vous permettrez de financer directement et en amont des oeuvres précieuses qui, sans vous, n’auraient que peu de chances de voir le jour.

pass2017

Le Pass 2017 est disponible : http://pass.noformat.net/fr

-> Site : http://www.noformat.net
-> Facebook : facebook.com/noformatrecords

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