chronique

TRUMMADE x CROW
/ Split Album « Movement : 1 »
/ Sortie le 26 mars 2020

// Il est parfois bien difficile de projeter ses rêves et ses désirs dans la réalité, qui plus est dans une forme aussi abstraite qu’est la musique. La volonté même d’incarner ce qu’il y a de plus profond et de caché dans l’esprit humain et d’en restituer la forme immaculée, comme filtrée de tous les parasites inimaginables, ne doit pas uniquement dépendre des attentes d’une audience ou répondre aux contingences d’un effet de mode. Trummade x Crow font figure d’exception en nous offrant une véritable œuvre d’orfèvrerie, méticuleusement déposée dans un écrin.


Elle est ce miracle musical d’une noirceur apaisante, cette mélancolie toute en nuance dont les motifs jamais répétitifs parviennent à vous plonger dans un état onirique. À contrario de nombreuses formations Post rock, Jay Pinelli et Leo Weaksaw ne se contentent pas de faire du remplissage, leurs compositions sont un condensé d’émotions capables de vous arracher une larme, un clair-obscur renforcé par cette alchimie des guitares couplées en harmonie. Car les deux compères ne sont pas débutants en la matière, officiant respectivement dans Verdun et Weaksaw (groupes basés à Montpellier), ils ont choisi d’aborder l’autre versant du rock, l’essence même de la musique, dans sa dimension dépouillée, délaissant les larsens et les murs d’amplis.

« Movement : 1 » est un disque intemporel. Il y a ce pouvoir d’attraction peu commun qui vous happe tout entier dès les premières mesures et vous fait prendre conscience que la beauté s’accompagne d’une certaine langueur. Les émotions affleurent de toutes parts, ne laissant filtrer que peu de lumière à l’image d’une pochette énigmatique renforçant encore plus ce sentiment de fascination.

Il faut souligner le travail remarquable au niveau de la production, ce dosage méticuleux de la reverb, cet équilibre indivisible des prises de son.

Ce split album s’inscrit durablement dans la catégorie des chefs-d’œuvre, et en dehors d’un genre musical maintes fois galvaudé qui ici ne souffre d’aucune comparaison étant donné son approche purement authentique.

(chronique : Franck irle)

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