interview

Te Beiyo, une voix emportée par le céleste, de la chanson soul folk qui élève l’âme en de hautes altitudes. Une artiste à découvrir au plus vite, si ce n’est déjà fait !(©photo : Michel Robinel)

Pouvez-vous présenter votre parcours ? Vous venez d’où ? Comment tout a commencé ? Quelles ont été les principales étapes et rencontres fondatrices de votre projet jusqu’à aujourd’hui ?

Ma mère est plasticienne et mon père est sculpteur en métal, donc j’ai toujours été entourée d’art, j’ai grandi avec l’idée que c’était tout à fait normal d’envisager une carrière artistique… Depuis toute petite, je chante, j’enregistrais des « concerts » sur mon magnétophone, je créais des « opéras » pour mon chat, et voyant ça, ma mère m’avait inscrite à un cours de chant. Mais ça s’est plutôt mal terminé, j’ai eu un tel trac à la présentation de fin d’année, qu’aucun son n’est sorti de ma gorge. J’en ai déduit que je n’étais pas faite pour ça, je sais aujourd’hui que c’était justement parce que c’était très important pour moi que ça s’est passé comme ça…

En tous cas, à l’époque, je me suis détournée de la musique, je suis rentrée à l’École des Arts Décoratifs de Strasbourg, et j’ai vite été attirée par le spectacle vivant, j’allais énormément au théâtre (j’étais notamment ouvreuse au TNS) et j’ai donc choisi l’option scénographie. Diplôme en poche, j’ai eu envie d’aller encore plus vers la scène. Paris m’attirait beaucoup, j‘y allais souvent en mode « séjour culturel » : cinéma, expos, théâtre, concerts… m’y installer m’a donc semblé évident, vivre dans une ville débordant d’activités culturelles, c’était le rêve ! J’ai eu quelques expériences en tant qu’assistante à la mise en scène, en tant que comédienne aussi, puis la musique s’est ré-invitée dans ma vie… J’ai eu soudain besoin de m’exprimer, de partager mes émotions en passant par mes propres mots. Je n’ai pas fait de conservatoire, je n’ai reçu quasiment aucune éducation musicale, je ne sais pas pourquoi c’est passé par ce canal, mais ça a été une évidence.

Et la guitare, c’est les retrouvailles un jour avec mon oncle Boris, aujourd’hui kiné mais qui avait été roadies, un grand passionné de guitare, qui m’a prêté une des siennes. Il m’a montré quelques accords, et très vite, j’ai commencé à créer mes propres morceaux. Le son de la guitare me touche beaucoup, la vibration des cordes me traverse, me parle et me donne envie d’y « répondre »…

Quelle place occupe la musique dans votre quotidien ? Ressentez-vous la pratique musicale comme un « besoin vital », un moyen d’échapper un peu du quotidien, un désir d’exprimer votre être… ?

La musique est pour moi une nécessité. Comme je l’ai dit plus haut, ça s’est vraiment imposé à moi, je n’ai pas l’impression d’avoir pris de décision. Je ne me suis jamais dit « je veux être chanteuse, musicienne, et je vais en vivre. » C’est juste, qu’effectivement, il ne se passe pas une journée sans que je chope au vol une expression qui me plaise dans la rue, que je griffonne sur un de mes carnets un bout de phrase née d’un paysage, d’une situation observée, que je saisisse une petite mélodie qui me vient en tête. C’est beau d’avoir le temps d’observer, d’honorer, de transcender ce qui est autour de soi… Après, il y a la scène, et là, c’est le besoin de d’échanger, de partager tout ça. D’ailleurs, la période que nous traversons actuellement me rappelle que c’est surtout pour ça que j’aime faire, et aller aux concerts. Aller à la rencontre de l’autre, vibrer ensemble, échanger des énergies, partager nos émotions…

Parlons de votre professionnalisation : quels en ont été les déclencheurs ? Avez-vous rencontré des difficultés dans le cadre de cette professionnalisation ? Des aides et des rencontres en particulier vous ont-elles permis d’y croire et d’avancer ?

C’est vrai que pour ne pas lâcher, on a bien besoin de coups de pouce, de belles rencontres, et j’ai eu cette chance là, je pense…

La toute première, ça a été la surprise que les 3 Baudets m’accueillent, presque au tout début du projet, j’étais vraiment très heureuse de pouvoir jouer dans cette si belle salle, presque mythique !

Ensuite il y a eu l’opportunité de faire la 1ère partie de Jehro au Théâtre Rutebeuf à Clichy… Jehro est un artiste que j’aime énormément, il a fait partie de mes premiers coups de cœurs, de ceux qui m’ont beaucoup inspirée. Alors avoir la chance de partager une scène avec lui, de le rencontrer, c’était juste magique pour moi ! D’autant que depuis, nous avons gardé contact, et il est devenu une sorte de parrain musical… Puis il y a eu ma première partie de Tété à l’Odéon de Tremblay, ça c’était énorme ! Et pas longtemps après, une première partie de Piers Faccini, à la Cave d’Argenteuil, un autre artiste très important pour moi. Ensuite, les choses se sont assez vite enchaînées, j’ai continué à faire pas mal de très belles premières parties, encore de Tété (j’en ai fait 4, on commence à bien se connaître !) mais aussi d’autres supers artistes : Mélissa Laveaux, Irma, HK et les Saltimbanques, Susheela Raman, Davy Sicard, R.Wan, Féloche, Tchéky Karyo…

J’ai aussi eu le plaisir de participer à des dispositifs d’accompagnement : en 2018, j’ai fait partie de la sélection Starter du réseau Combo 95, et de la sélection VVCM de la Manufacture Chanson. J’ai aussi fait un Lever de Rideau du Festi’Val de Marne en 2019, j’étais en première partie de Mayra Andrade, encore une très belle artiste…

Et ce qui est très agréable et gratifiant, c’est que beaucoup de ces rencontres s’inscrivent dans le temps : en ce moment je suis accompagnée et soutenue par l’Odéon de Tremblay, le Tamanoir à Gennevilliers, la Manufacture Chanson à Paris, le Sax à Achères, la Clef à Saint-Germain et le réseau Combo 95 (réseau musical du Val d’Oise).

Les initiatives comme le Crossroads, ça représente une aide précieuse ?

Tout à fait ! Avoir été sélectionnée, et faire partie de cette aventure, même si cette année l’édition est un peu particulière, c’est vraiment super, et j’espère que ça me permettra encore de belles nouvelles rencontres (il y en a déjà eu avec quelques médias partenaires), et de belles aventures pour la suite ! Et en plus, l’équipe est vraiment très sympa !

Et quel a été l’impact de la crise sanitaire sur vos activités ? Avez-vous ressenti la nécessité de repenser votre mode de fonctionnement, d’aborder et de tester de nouvelles pistes pour vous faire connaître ou vous développer ?

L’impact est évidemment très important. Je suis intermittente et j’ai perdu plus de 150 heures, le printemps/été est une période très dense pour la musique. Mais il n’y a pas que ça, j’ai été vraiment très bousculée, et je me pose des questions de fond sur mon rapport à la vie, à mon métier. J’ai envie de faire les choses autrement, prendre plus le temps, pouvoir vivre plus selon mes valeurs (notamment au niveau écologique), ne plus me mettre la pression et retrouver le plaisir, me recentrer sur la création.

Enfin, quelle est votre actualité et avez-vous un dernier mot à ajouter pour conclure cette échange ?

Je devais sortir mon Ep cet automne, mais étant donné la situation, je n’ai pas pu maintenir cet objectif, et je ne préfère pas annoncer de date de sortie pour le moment, je verrai comment les choses se rétablissent…

Mais 4 des 5 titres sont dans la boîte, pour les arrangements et la direction artistique, j’ai travaillé avec JP Manova : un super artiste, musicien, rappeur, ayant une culture musicale de dingue et une écoute et une sensibilité très intéressante…

Pour le 5ème titre, je suis en train de travailler sur une petite surprise, on croise les doigts, j’espère pouvoir partager la bonne nouvelle bientôt ! Et je suis en train de terminer le clip du premier single que je sortirai, « Partir Paris »…

Et côté scène, et bien le 10 septembre évidemment, au Crossroads Festival, et d’ici la fin du mois, je serai en première partie de deux artistes que j’aime beaucoup : Auré, le 29 septembre aux Trois Baudets, et Mélissa Laveaux, le 1er octobre, à l’Espace Django à Strasbourg.

Il y a d’autres dates qui se dessinent, mais je souhaite vraiment revenir à la création en ce moment, donc je pense que l’automne/hiver sera un peu calme, et on reprendra plus la route des concerts en 2021 !

Et pour le dernier mot, coucou Hervé et merci encore pour cette interview en 2017, une de mes premières, et ça avait été une belle expérience ! Encore un de ces rencontres qui marque et qui tient dans le temps ! Bisous !

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