reportage

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Cela fait plusieurs semaines, voir plusieurs mois maintenant que j’attends cet événement. Comme chaque année depuis 5 ans je me prépare à aller au festival Zikenstock. Pour sortir de la grisaille de l’hiver et marquer l’arrivée des beaux jours et d’une nouvelle année musicale, rien de tel qu’un bon festival Punk !(Festival Zikenstock – 13ème édition / 6 et 7 Mai 2016 / Le Cateau-Cambrésis)(Mai 2016) – par Vincent.

Premier Jour / Le Punk : une musique de vieux

Le Punk ! Cette musique à laquelle j’ai accroché au milieu des années 80 et qui m’a accompagné des années durant. A la fois musique et mouvement culturel, le punk c’est l’énergie, l’urgence, le contre-courant, le « Do It Yourself » qui m’est si cher, le conteste, le rock’n’roll, l’humour, la peur, les couleurs, les clowns électriques, l’éphémère, le minimalisme, le maintenant et tout de suite, une philosophie, les copains, la provoc, faire réagir…et j’en passe… Bref c’est un tas de trucs comme ça qui traine toujours dans le coin de ma tête.

J’achète donc mon billet pour les deux jours. Pas question d’en perdre une miette. On se contacte entre vieux potes pour savoir si on sera tous au rendez-vous. Et là je me dis, saperlipopette, nom d’une pipe en bois, ça fait quand même 30 ans que j’écoute ce style de musique. Certes pas que ça, car je suis aussi extrêmement sensible à un tas d’autres types de rock, blues, jazz, salsa, funk, bourrée, pouet’ pouet’ planplan ! Mais quand même, 30 ans de punk, ça m’amène à constater par un calcul savant et compliqué que ce mouvement à aujourd’hui presque 40 ans.

Du coup j’en viens à me poser la question : est-ce qu’aujourd’hui le punk est une musique de vieux ?

Je jette un coup d’œil sur l’affiche du festival. Ça s’annonce comme étant encore un bon cru. Des noms de légende que nous sert à nouveau Zikenstock et en plus il n’y a pas que du punk rock proprement dit. Ben non ! Y’a des variantes aussi, on n’est pas fou. Imaginez deux jours à écouter la même chose, non ! Le punk, comme la plupart des mouvements musicaux, à ses ramifications et ses inspirations. Du coup ici on va avoir droit à du Punk rock, de Reggae, du Ska, du Psychobilly et du rock dans tous ses états.

J’en reviens aux grands noms annoncés sur l’affiche. Des noms de groupes qui ont fait naitre le Punk rock (à moins que ça ne soit plutôt le contraire ?!), qui ont contribué à ma culture musicale que, tout comme les dinosaures, je croyais définitivement disparu. Bref, qui font partie de la légende. Je nomme ainsi: BUZZCOCKS, THE DAMNED, DEMENTED ARE GO, CONFLICT, ANTI-NOWHERE LEAGUE. Whaaaa ! Je ne souviens encore des cassettes et 33 tours que j’avais de ces groupes dans mes jeunes années, il y a au moins 25 ans ! …Ah oui quand même, déjà ! Et ces groupes, ils ont …??? Entre 35 et 40 ans d’existence !!!! Oh, ben c’est pas tout jeune comme musique hein ?

Quant au reste des groupes annoncés, il y a aussi d’excellentes choses comme : LE BAL DES ENRAGÉS, THE AGGROLITES, OPIUM DU PEUPLE, TOXIC WASTE, PERKELE, SKA-TALITES, ROY ELLIS, FUNERAL DRESS, HORS CONTROLE, LES CLEBARDS et EXISTENCE SAINE.

Arrive donc le jour-J ! Direction Le Cateau-Cambrésis. Je me fais un petit délire dans la tête en imaginant des vieillards sur scène avec des cannes ou en fauteuil roulant jouant comme des fous furieux avec une énergie de dingue. Et un public tout aussi vieux pogotant mollement pour ne pas exploser les pacemakers, des dentiers qui volent, des sonotones qui larsènent, slames en déambulateur, tout ce petit monde qui lève le point en gueulant « Anarchie », le tout dans un mélange d’odeur de tabac à pipe, de Saint Emilion mis en bouteille au château et de pipi échappé des couches « TENA » compressées dans des futals en tissu écossais.

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Mais retour à la réalité, j’arrive sur le site. Même configuration que l’an dernier. Je suis un peu en retard et j’ai manqué TOXIC WASTE et L’OPIUM DU PEUPLE. DEMENTED ARE GO viens de commencer. Ambiance Psychobilly survitaminée, imagerie film d’horreur des années 50 avec un chanteur déguisé en zombie et un contrebassiste fou arborant une banane blonde platine à faire pâlir de jalousie Elvis et Marilyn. Il y a déjà beaucoup de monde. Le beau temps est au rendez-vous. L’ambiance est géniale. Le groupe est vraiment bon et le public bouillant et coloré !

Bon ok, y a une question qui vous brûle les lèvres. Est-ce qu’il y a des vieux ? Eh bien oui !!! Les doyens du festoche ont au moins 70 ans ! Concernant cette question, on va en découdre tout de suite. Le punk est-il une musique de vieux ? Évidemment que oui et évidemment que non. C’est une musique intergénérationnelle comme aujourd’hui beaucoup de styles de musique, tel le métal, le blues, le hip hop, le prog, l’electro etc. Ce qui m’amuse à prétendre cela, c’est le contraste entre ce qu’était le punk à sa naissance (on va dire en 1977), le côté « No Future », l’urgence d’un mouvement qui se voulait rapide et éphémère et qui passa quelques années plus tard à « Punk’s not dead » pour continuer de plus belle et pour donner naissance à des variantes, des fusions de genres, des nouveaux mouvements musicaux issus du punk.

Alors aujourd’hui en 2016, dans un festival comme Zikenstock, on y croise aussi bien des vieux de 70 ans que des enfants de 6 ans (accompagné de leurs parents évidemment). Et puis, il y a des têtes qu’on connait et que l’on n’a pas vu depuis longtemps, des anciens membres de groupes locaux comme « Génération Perdue » ou les « Amnéziks », célèbres dans les années 90 ; des potes de lycée ou qui fréquentaient les mêmes bars le samedi soir. Certains n’ont pas changé, d’autres ont grisonné, se sont déplumé, se sont épaissis ou sont venus avec leur ado. Pour être objectif, je dirais que la moyenne d’âge qui domine dans le public, c’est quand même à 60% de 17 à 25 ans.

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Revenons-en à la musique. DEMENTED ARE GO se termine, on fait un petit tour sur le site, on discute pas mal, on regarde les nombreux stands de cd et vinyles qui regorgent de pépites introuvables. Des T-shirts, des badges, un tas de merchandising des groupes du festival. On regarde également les looks de fou de certains keupons, des crêtes aux milles couleurs, les perf’ tagués et cloutés, des tatouages hallucinants, de vrais clowns électriques ! Aaaah j’adore !!! 19h c’est au tour de THE AGGROLITES d’attaquer leur set. On retourne sous le chapiteau. Ambiance plus calme avec un Reggae/ Rocksteady.

Le public est tout aussi au rendez-vous. Je n’ai jamais été trop branché Reggae mais j’avoue qu’en concert c’est pas mal, mais finalement je rejoins la citation de Michel Blanc dans « Marche à l’Ombre »: « les concerts de Reggae c’est génial les trois premiers morceaux, après ça deviens chiant ». Du coup comme certains estomacs commencent à crier famine, c’est le moment idéal pour aller casser la croute. On se dirige vers la célèbre friterie Sensas pour nous délecter d’un Américain hypercalorique à nous faire passer une nuit blanche et nous donner des suées à n’en plus finir.

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Arrive enfin les BUZZCOCKS ! Là on peut dire que je les attendais. Heu que j’écoute depuis si longtemps, qui ont joué avec les SEX PISTOLS, qui étaient les concurrents de JOY DIVISION dans leur ville d’origine Manchester. Ce groupe qui fête ses 40 ans. Le concert commence ! Bon déjà j’ai un peu de mal à les reconnaitre. Comme prévu ils ne ressemblent plus tellement aux gars qui sont sur la pochette de mes albums, à part peut-être le guitariste Steve Diggle. Mais bon musicalement parlant, ça me plait, l’énergie est toujours là. Les morceaux sont intenses, incisifs, et s’enchainent dans le pur état d’esprit punk rock. Le concert est franchement bon. Je suis scotché à la scène et j’en perds pas une note. Le public semble tout aussi enthousiaste et en redemande après un final avec le célèbre « Ever Fallen In Love ? ».

S’ensuit dans la même veine des groupes mythiques des origines du punk rock, DAMNED ! Qui fête aussi ses 40 ans. Groupe qui a marqué l’émergence du punk rock en 1976 mais qui vira assez vite vers un style plus new wave /gothique. J’ai moins été marqué par leur musique que par celle des BUZZCOCKS. Les voici sur scène et on reconnait tout de suite les deux figures principales et fondatrices du groupe. Dave Vanian, le chanteur dans un look new romantic et Captain Sensible, égale à lui-même ! Mis à part quelques morceaux bien connus et le célèbre « Wot » de Captain Sensible, on n’accroche pas trop au concert, ça sonne un peu trop rock’n’roll. Il n’y a pas l’énergie comme chez les BUZZCOCKS. Je dirai que ça a moins bien vieilli et j’étais un peu déçu. Durant le concert, j’étais un peu moins hypnotisé par ce qui se passait sur scène et je regardais un peut les gens qui m’entourait. Soudain dans la foule je vois une petite planète terre accroché à une oreille. Pas de doute le gars qui à ça je le connais, c’est Sven le guitariste de Parabellum. J’avais passé quelques jours avec le groupe il y a quelques années. Alors on a bien discuté, on s’est rappelé quelques souvenirs puis on a parlé de ces vieux groupes qui étaient toujours présent pour notre plus grand plaisir. Puis Sven est reparti en backstage rejoindre le BAL DES ENRAGÉS qui allait passer ensuite. Sven est pour moi une légende du punk rock français d’une immense gentillesse et qui a un talent énorme et un guitariste génial !

L’heure tourne, il est déjà passé minuit et le BAL DES ENRAGES est sur le point de commencer. Ce n’ai pas la premier fois qu’il se produit à Zikenstock. Le concept est un spectacle de reprises des grands standards du punk, du rock et du metal par les membres de différents groupe de la scène alternative et metal français tel que Tagada jones, Parabellum, Lofofora, Loudblast, Punish Yourself, Black Bomb A, Aqme…. Le show commence de façon explosive avec une grosse mise en scène, des costumes… le chapiteau est plein a craqué, l’ambiance est survolté et bien que les chansons soit des reprises, c’est super bien fait et ça donne vraiment la pêche. Pas de temps mort, les titres s’enchainent ; « if the kids are united », « smells like teen spirit », « killing in the name »… tous les styles y passe, toutes les générations aussi. Grosse émotion avec la reprise de « Cayenne » de Parabellum, l’intro est génial avec Sven se déchainant à la guitare et le public faisant un max de bruit pour le regretté Schulz. L’énergie est énorme, on se croirait à une fiesta Berurière et même si certains trouvaient que c’était sur-joué et que ça faisait karaoké, moi j’ai aimé et le public était là pour confirmer.

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Deuxième jour / Lâcher de Punks
Après une bonne nuit de sommeil, me voici revenu au Zikenstock. Il fait encore plus chaud que la veille. Bon bien sûr j’arrive encore en retard et je manque quelques groupes. HORS CONTROLE est sur scène, ça met l’ambiance et on replonge vite dans l’esprit du festival. On enchaine avec FUNERAL DRESS qu’on avait l’habitude de voir dans les années 90 en Belgique et qui n’ont rien perdu de leur énergie et de leur fougue. Ça bouge bien sur scène et dans le public. Arrive ensuite un encore un groupe de vieux qui ont alimenté pas mal de mes cassettes audio à l’époque. C’est ANTI NOWHERE LEAGUE. Là aussi ça va musicalement, c’est franchement honnête par contre je fais une fixette sur le chanteur qui pourrai faire partie des sosies de Johnny Halliday. C’est presque gênant, je l’imagine chantant « Allumez le feu ! » dans les boites pour arrondir ses fins de mois. Du coup, on finit le concert à la friterie Sensas.

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Retour au calme avec SKATALITES, groupe de légende du Ska, Rocksteady, Reggae, Jazz. Né dans les années 60 (mais non ! c’est pas une musique de vieux !) en Jamaïque, le groupe a traversé les années avec quelques changement de line up mais avec toujours le même état d’esprit. Ici terminé les trois accords bourrins du punk rock, c’est plus raffiné voire classe. Même si ce n’est pas un style de musique que j’affectionne, j’avoue que j’y prends un certain plaisir, ça calme les oreilles. Ici pas besoin de bouchons d’oreilles, car il faut le dire, dans la formation des ingés son de concert punk, deux mots d’ordres : toutes les manettes poussées à fond vers le hauts et tous les boutons tournés à fond vers la droite, après tu laisses jouer. Du coup SKATALITES, c’est un bon interlude avant de relâcher les fauves.

21h30 – l’heure d’un grand moment attendu…CONFLICT ! Ça c’est ma tasse de thé depuis des années. Groupe fondé en 1981 et proche du groupe anarcho-punk CRASS. Et là franchement ça dépote, Colin Jerwood toujours autant la niaque est accompagné d’une superbe chanteuse qui fout également le feu. Mélange de punk hardcore et de reggae. Le concert est intense et tendu. Ce qu’il y a de bien avec Conflict, c’est qu’on les voit dans les années 80, 90, 2000, 2010, ça a toujours la même énergie et on s’en prend plein la gueule. Très bon concert !

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23h – on en a plein les pattes, la fatigue se fait sentir. Le concert suivant de PERKELE. Autant dire qu’on le zappe un peu, on discute au bar avec des potes, on jette un coup d’œil de temps à autre mais on n’accroche pas bien que ça a l’air sympa. Dernier concert ROY ELLIS, également légende historique du Ska depuis les années 60, ça termine bien le festival sur une note cool. On ne reste pas jusqu’au bout mais ça nous raccompagne doucement jusqu’à la voiture.

Voilà Zikenstock 2016 se termine, on se voit déjà revenir l’année prochaine, car outre la musique que l’on aime avec des affiches de rêve, ce festival à quelque chose d’exceptionnel de par l’ambiance, la chaleur des gens, une organisation exemplaire, des retrouvailles avec des potes, des rencontres formidables, je pense entre autre cette année avec une artiste peintre belge et son ami musicien mais aussi avec un des anciens membres du groupe « les Slugs ». On rentre chez soi fatigué mais le cœur léger et on repense toute la semaine à tout ce que l’on a fait et entendu à Zikenstock.

À l’année prochaine ! J’espère vous y voir quel que soit votre âge et ne me dites pas merci !

(Reportage réalisé par Vincent)
(©crédit photos : Vincent)

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