Reportage – InstantArt Paris – Polaroid Exhibition – 8 au 10 novembre 2019

A l’époque du tout numérique, le polaroid et son imagerie si particulière reviennent en force et se retrouvent vedettes de l’exposition tenue par le collectif InstantArt ce week-end à Paris.

Pour les plus anciens d’entre nous, le polaroid signifie photos mal cadrées et très souvent floues de nos souvenirs d’enfance, le tout entouré de nos meubles et tapisseries si représentatifs des années 70 et 80. Ce qu’il en ressort est l’instantanéité du moment, cette spontanéité gravant dans le marbre des moments plus ou mois importants, des expressions fugaces et surtout une patine spécifique donnée par le grain si particulier des photographies instantanées.

Mais comme nous l’expliquent les artistes du collectif InstantArt, mené par Stefan Merz alias Herr Merzi, le polaroid ne doit pas rester un objet remisé dans nos souvenirs. Bien au contraire, depuis sa création, les photographes ont maintenu sa pratique au rang d’art et ce malgré la révolution du numérique.

Empreint quoi qu’il arrive d’un petit goût d’avant, objet de toute les fascinations quant à ses nombreux designs, signe extérieur de richesse il y a plus de 30 ans devenu has been au début des années 2000 et bénéficiant aujourd’hui d’une belle cure de jouvence grâce aux nouveaux appareils améliorés, le Pola – comme nous aimons à l’appeler – redevient un objet de notre quotidien, permettant ainsi au plus grand nombre de s’initier à l’art de la photographie de façon ludique et rapide.

Les 40 artistes présents à l’exposition qui se tient rue de Turenne à Paris viennent de tout horizon, sont de tout âge et surtout, nous prouvent que le simple cliché issu d’un polaroid peut être sublimé. Nous découvrons ainsi selon les photographes une utilisation qui varie du tout au tout. Les clichés peuvent être des mises en scène dans le cadre de série initiées par un thème ou une histoire, rendre hommage aux natures mortes et paysages romantiques, inspirés souvent des plus grands peintres, mettre à nue les corps ou être rehaussés de gravures et de dessins, devenant ainsi eux même supports d’une toute autre forme de photographie.

Ce qui marque le plus dans cette exposition est l’accessibilité de cette pratique. Ici, le principe est d’extraire d’un instant T une histoire, un message, quelque chose de plus profond et prégnant. Le cliché instantané joue de cette contradiction. Contournant l’objet même pour lequel le polaroid a été conçu, les artistes nous plonge au travers d’univers riches, complexes, certains tourmentés, mais toujours personnels et qui en disent long via le biais de si petites images.

Chaque collection transmet une émotion sans que nous ayons besoin d’en connaitre le contexte. C’est ici le cas avec ces clichés soigneusement sélectionnés, et il est toujours très intéressant d’observer chez les visiteurs le panel d’émotions suscité.

Le plus important reste à souligner : la photographie se veut une forme d’expression accessible à tous, l’œil de celle ou celui qui la pratique étant le déclencheur et le cliché pris le résultat d’un ressenti aussi intense qu’éphémère. Les expositions photographiques sont l’occasion d’ouvrir les esprits sur des travaux personnels, et d’être source d’inspiration pour les visiteurs. Le voyage ici proposé n’a pas d’itinéraire conseillé, la diversité des modèles, des couleurs, des environnements présentés laissant entièrement place à l’imagination et au rêve.