reportage

Une chose est sûre, c’est que le Cabaret Vert est une source perpétuelle de surprises. En effet tous les ans la scénographie change, se façonne, se modifie, à la fois pour le bien être des festivaliers et aussi pour optimiser les lieux qui ont un énorme potentiel avec un bel écrin de verdure où coule paisiblement la Meuse. Inspiré et inspirant, à deux pas d’un Rimbaud qui repose, Le Cabaret Vert nous accueille à nouveau pour nous offrir des moments inoubliables. (Le Cabaret Vert – Charleville-Mézières – 15 au 18 Août 2024) (Report du 15 au 17 Août par Vincent Vince Picozine )

Cette année, l’entrée des festivaliers se fait de l’autre côté de la Meuse et nous plonge directement sous les arbres qui éclateront de mille couleurs la nuit venue. Nous longeons le fleuve puis nous le traversons sur de magnifiques ponts éphémères construits pour l’occasion. Nous voici au cœur du festival, entouré des cinq scènes mythiques : Zanzibar, Illumination, Razoback, Zion Club et Greenfloor.

Ce n’est pas pour rien que cette année encore Le Cabaret Vert a explosé son record avec 107000 festivaliers et c’est pour dire qu’on en a croisé du beau monde ! Une affiche exceptionnelle sur quatre jours proposant 108 concerts de tous styles confondus : Rock, Rap, Electro, Reggae, Soul, Funk et tant d’autres.


(!AYYA ! @photos : Marjorie Marty)

Nous avons commencé notre exploration dès l’ouverture du festival sous un soleil radieux en découvrant toutes ces améliorations et c’est vers la scène Razorback que nous nous sommes dirigés pour écouter !AYYA !, groupe Nancéen sélection régionale du Cabaret Vert, qui ouvre le festival avec une énergie survoltée. Duo rock musical, guitare/ batterie et une touche d’électronique, des titres qui montent crescendo en puissance pour amener le public vers une frénésie incontrôlable. Il y a un monde fou pour une ouverture et tout l’espace dédié à Razoback est rempli. C’est un véritable carton, le groupe lui-même n’en revient pas.


(Destroy Boys @photos : Marjorie Marty)

Il ne faudra pas aller loin pour trouver les bonnes vibrations puisque juste en face sur la scène Zanzibar, c’est le groupe de San Francisco, les DESTROY BOYS. Alexia Roditis et Violet Mayugba les cofondatrices de cet excellent groupe punk vont se déchainer entre provocation, bonne humeur et vibrations 90’s. Le groupe prépare son 4ème album qu’on a hâte de découvrir. On tend un regard et une oreille sur BLONDSHELL dans la même lignée rock avec un coté Indie accrocheur à souhait avant un moment très attendu : le concert de PJ HARVEY ! Il est 20 h et les fans sont au rendez-vous. Sur scène, des meubles, chaises, table, fauteuil, pupitre tout droit sorti d’un manoir de la campagne du Dorcet. Le fond de la scène est un vieux mur craquelé et fissuré. L’ambiance est de mise. Polly Jean fait son entrée, accompagnée de ses fidèles musiciens dont son vieux compagnon de route John Parish. Avec beaucoup de classe et de charisme, elle entonne les titres magnifiques de son répertoire allant des plus récents comme « A Child’s Question, August », « I inside The Old Year Dying ». On se souviendra aussi de « The Glorious Land », « Let England Shake » et bien sur les incontournables « Down by the water » ou encore « To Bring You My Love ». Véritable moment de grâce dont on se souviendra longtemps. Véritable chance d’avoir vu cette artiste rare. Autre grand moment de la journée avec FONTAINES DC  qu’on avait eu la chance de voir ici même il y a deux ans. Autant dire que FONTAINE DC fait partie de la nouvelle vague de groupes post punk innovante de ces dernières années aux cotés de The Murder Capital, Viagra Boys, Idles, défendant cette fois si leur nouvel album « Romance ». Ils nous offrent une fusion unique de post-punk et de spoken word aux paroles poétiques et introspectives combinées à l’énergie brute et la puissance des instruments pour créer une ambiance sombre et captivante. Enfin nous terminons cette folle journée avec le groupe irlandais THE CLOCKWORKS qui s’inscrit dans la lignée de FONTAINE DC avec un post punk plein de vitalité et une prestation scénique intense. Au fil du concert, les titres sont de plus en plus accrocheurs et c’est une véritable bonne surprise à nouveau. Cela termine cette première journée avec panache.


(PJ Harvey @photo : Marjorie Marty)


(Fontaine DC @photo : Marjorie Marty)


(The Clockworks @photo : Marjorie Marty)

Deuxième jour, journée fortement chargée en rap et qui raviront les fans du genre avec des pointures tel que 21 SAVAGE, NINHO, SCH, KAARIS et bien d’autres. On explore un peu plus les alentours car le CABARET VERT, ce ne sont pas que des concerts. C’est aussi un festival de la BD qui accueille cette année 70 auteurs avec notamment Fred DUVAL qui a repris les aventure de THORGAL, Julien NEEL l’auteur de LOU ! , Franck MARGERIN l’auteur de LUCIEN qu’on adore et plein d’autres.Un moment passionnant que cette immersion dans le monde de la BD tout aussi passionnant que celui de la musique de par sa diversité, sa créativité et sa capacité à créer des émotions. Et puis c’est aussi Le prix BD du Cabaret Vert qui récompense des albums de bande dessinée dont l’histoire traite de sujets liés au développement durable.
Juste à côté de cela se trouve L’ESTAMINET, lieu de rencontres et de convivialité du festival et doté d’une buvette « Le Troquet ». Il est né de la volonté de diversifier la programmation avec des formes artistiques différentes. On retiendra en ce jour la chorale Fritüür avec un spectacle génial, véritable ode à la fête, la déraison et la pomme de terre ! Mais il y a aussi d’autres spectacles aux univers variés : happening, performance, flash mariage, battle de bd, contes ou apéro concert.
Bonnes découvertes musicales aussi avec NATION OF LANGUAGE tout droit venu de New York, un groupe qui combine à merveille les codes de la New Wave et du Post Punk. On est loin de la parodie. Ici c’est une vraie empreinte dans le style que NATION OF LANGUAGE nous offre. Une bouffée d’air frais et de mélancolie à la fois. On pense à Ultravox, The Sound, Clan of Xymox. C’est vraiment bien fait et addictif. Le trio est magnifique et passionné et viennent de sortir un nouvel album qui est une tuerie, « Strange Disciple ». Puis il y eu CHALK, un autre groupe irlandais dans un style un peu hybride entre rock et techno amenant à une sorte de transe.


(Nation Of Language @photo : Marjorie Marty)


(Chalk @photo : Marjorie Marty)

Troisième et dernier jour pour nous, cette fois-ci sous la pluie. Une pluie régulière et incessante tout au long de la journée qui a transformé certains endroits du site en mare aux canards et flaques de boue. Cela faisait longtemps que cela ne nous était pas arrivé mais cela fait aussi parti du charme des festivals. Les ponchos sont de sortie, certains fabriqués maison, vive le DIY ! En tout cas cela ne semble pas déranger les festivaliers car la fête continue.


(Contremeute @photo : Marjorie Marty)

C’est avec CONTREMEUTE que l’on se jette à l’eau, un groupe Strasbourgeois faisant partie de la sélection régionale. Performance génialissime dans un style à la fois punk et psyché, une basse bien lourde et bondissante, un chanteur à la diction percutante et au textes poétiques constatant et reflétant notre monde, le tout en contraste avec leur fougue musicale. On enchaine avec METZ et leur mathrock/noise déjanté à classer entre Shellac et Jesus Lizard. Puis RED FANG réchauffe l’atmosphère avec un stoner brut de décoffrage bien lourd et bien gras et après ça on capitule, nous sommes trempés, le matos également. Nous aurions aimé voir la FONKY FAMILY et THE LIBERTINES mais tant pis. Le Cabaret Vert s’arrête ici pour nous.

Heureusement le soleil fit son retour pour le dernier jour. Le Cabaret Vert se termine en beauté pour les festivaliers avec notamment MASS HYSTERIA, SHAKA PONK, KORN et bien d’autres pour conclure cette superbe édition.

Enfin n’oublions pas que le Cabaret Vert est un festival engagé sur l’environnement et la vie locale. Il fut récompensé en 2023 par A Greener Festival pour leur bilan carbone qui tend vers un 100% énergie renouvelable. Cette année ce fût 8 tables rondes et 5 ateliers sur ce thème qui fut présenté à L’IDéal et 12 longs-métrages dont des inédits et 104 courts métrage à l’espace Ciné de l’IDéal.

C’est ainsi que s’achève notre festival préféré. Nous tenons à saluer cette organisation incroyable et surtout les 2500 bénévoles et le service de sécurité pour leur dévouement et leur amabilité. Rendez-vous en 2025 du 14 au 17 aout ! On y sera !

(Reportage et photos  : Vincent Vince Picozine et Marjorie Marty).

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