reportage

37 ans se sont passés depuis la première édition des Francofolies de La Rochelle et c’est toujours avec grand plaisir que nous abordons ce festival qui nous offre chaque année une programmation riche et variée, des plus grands de la scène francophones toutes générations et tous genres confondus aux artistes au talent encore méconnu et qui méritent d’être mis en lumière (notamment grâce au Chantier des Francos , dispositif d’accompagnement d’artistes qui leur offre l’occasion de présenter en Live leurs créations) (Les Francofolies de La Rochelle – 13 au 17 Juillet 2022) (Report par Vincent Vince Picozine et Marjorie Marty)

Les Francofolies / Le Festival
Tout commence ce Mercredi 13 juillet. Une centaine de prestations sont programmées pour les cinq jours qui arrivent.

Zaho De Sagazan : c’est au Théâtre de la Verdière que Zaho De Sagazan, jeune autrice compositrice et interprète ayant participé au Chantier des Francos, à la lourde tâche d’ouvrir le festival.

Dès le premier titre, nous sommes plongés dans une ambiance captivante, un univers electro-pop sensible aux sujets sombres que la voix grave de Zaho De Sagazan nous offre avec grâce. On se souviendra des titres « Aspiration », « Mon Corps » aux thèmes intenses et touchants et un méga final avec « Tristesse ». On reste sous le charme de cette belle prestation ! Une artiste à suivre de près !


(Fishbach ©photo : Vincent Vince Picozine)

Fishbach : c’est avec plaisir que l’on retrouve Flora, déjà vue plusieurs fois sur scène à l’époque de son premier album « À ta merci ». Son concert débute avec des titres de ce fameux premier opus et notamment «Un Autre que moi» et puis suivent les titres de son dernier album «Avec Les Yeux». C’est à la fois envoûtant et dansant, on y retrouve la touche 80’s et Fishbach est super à l’aise sur scène, ne cessant de danser et nous entrainant à l’accompagner. L’incontournable titre «Mortel» est évidemment de mise et nous sommes comblés de cette ouverture des Francos.


(Asaf Avidan ©photo : Vincent Vince Picozine)

La journée se poursuit sur la mythique scène Jean-Louis Foulquier où l’on a eu plaisir de voir le très classieux Asaf Avidan à la voix au sensible si particulier, suivi de Gaëtan Roussel qui n’aura pas manqué de nous faire revivre les années Louis Attaque et Mika qui a littéralement embrasé la foule en donnant un véritable show explosif, enchaînant tubes sur tubes. Le public était en délire. La journée se finit avec Calogero qui nous offre un super duo avec Rufus Wainwright sur deux titres dont le célèbre « Le Temps ».


(Mika ©photo : Marjorie Marty)

Jeudi 14 Juillet
Retour au théâtre Verdière pour une journée intense, pleine de surprises et de diversité. Nous débutons avec PPJ (Paula, Povoa et Jerge), une electro-pop techno aux accents brésiliens et aux sonorités 80’s, véritable remède contre la morosité ! Paula est un joyau de bonne humeur qui nous transporte avec légèreté dans des ambiances festives, sensuelles et exotiques. Ça fait un bien fou de ressentir une telle énergie communicative. Le public est aux anges, tout le monde est debout et danse, la joie se lit sur tous les visages. Encore de véritables talents qui participent au Chantier des Francos !


(PPJ ©photo : Vincent Vince Picozine)

Marie-Flore, ambassadrice d’une sublime pop française et toute gracieuse, nous livre ces état d’âmes avec humour et ses titres sont de véritable tubes pop à découvrir sur son nouvel album intitulé « Je sais pas si ça va« .


(Marie Flore ©photo : Vincent Vince Picozine)

Mansfield.TYA
Ce duo de 20 ans d’âge, composé de Julia Lanoë, poète électro et de Clara Pallone, violoniste baroque colle parfaitement à nos goûts musicaux. C’est notre gros coup de cœur de cette édition de Francos ! Un décor drapé de blanc et un concert commence avec un titre lancinant et hypnotique « La Nuit Tombe« , ritournelle sombre qui monte crescendo qui nous laisse sans voix. Dès les premières notes, le public se lève et ondule sous des vagues sonores étranges. Nous voilà évoluant dans une sorte de balade nocturne aux lumières bleues et vertes où les ombres de nos hôtesses s’allongent.


( Mansfield TYA ©photo : Vincent Vince Picozine)

Le mélange de l’electro dark et le magnifique violon donne une alchimie improbable. Puis s’enchaînent des morceaux tout aussi surprenants,certains plus pêchus, d’autres plus langoureux. Les textes sont magnifiques, très poétiques, chargés d’émotions, de mélancolie. Julia est magnifique de gouaille mais aussi de sensibilité, Clara, gracieuse et précise. On est sous le charme. Ça sonne Cold Wave et on pense à certain groupes de la scène underground post punk du début des 80’s et l’on pourrait même dire que quelque part, leur attitude est punk. Des titres inoubliables : « Auf Wiedersehen », « Petite Italie », « Les Filles Mortes »…. Bah, en fait on a tout aimé. De plus nous avons droit à une superbe reprise de « A Forest » de The Cure ! Quel beau moment, on en a encore des frissons. Le final avec « Le Sang Dans Mes Veines » est un véritable tourbillon au pouvoir chamanique, Julia se jetant dans la foule et se laissant porter jusqu’au sommet du théâtre. Très grand moment !


(Mansfield TYA ©photo : Vincent Vince Picozine)

Notre dernier concert du jour sera Juliette Armanet, juste avant le feu d’artifice, une Juliette déchaînée et surprenante qui conclut en beauté cette journée de dingue.


(Juliette Armanet ©photo : Vincent Vince PicoZine)

Vendredi 15 juillet
Une journée où nous avons décidé de sortir un peu des sentiers battus et explorer les à-côtés des Francofolies. Avant d’explorer la ville, un petit détour au Théâtre Verdière où nous avons apprécié le R’n’B, Soul et Jazzy teinté d’électronique sensuelle de Sabrina Bellaouel, puis Oklou dans un univers tout à fait particulier. Une scène jonchée d’arbres morts aux troncs veinés de lumière orangée, un fond de scène au paysage étrange évoluant au rythme de saisons. Et Oklou sur scène, exploratrice d’un autre temps qui nous offre des titres aux accents électroniques et atmosphériques avec un brin de R’n’B planante.


(Oklou ©photo : Vincent Vince PicoZine)

Direction le quartier du Gabut et les Francoff, parallèle du festival qui prend ses quartier dans les bars et tiers-lieux de la ville pour proposer à tous les publics des concerts originaux autour d’artistes émergents en accès libre. C’est donc au « Café du Nord » que nous nous sommes retrouvés pour le « Rock in Loft », rencontres-concerts sur le thème de «  Quelle est la place des femmes dans le monde de la musiques ? ». Nous y avons rencontrés des personnes formidables et quatre concerts géniaux, « La Pietà« , « Petite Gueule« , « Carole Pelé » et « Karenine« . Ce fût un des moments les plus intenses que nous ayons vécus cette semaine, un de nos préférés.


(Rock In Loft ©photo : Vincent Vince PicoZine)

Samedi 16 juillet
Boostés à fond par tous ces moments incroyables, nous sommes parés pour de jolies surprises… Et l’on débute avec Ours, fils d’Alain Souchon dont il a hérité du talent mais aussi de la voix. Ours, de son vrai nom Charles Souchon avait participé au « Chantier des Francos » en 2007 et il semble se sentir comme à la maison. Un très bon concert aux bonnes énergies !


(Ours ©photo : Vince PicoZine)

François Morel 
Nous qui avions été nourri des « Deschiens » dans notre jeunesse, nous ne ne pouvions pas passer à côté de ce concert, au Grand Théâtre de La Coursive. Et puis on connait la poésie, l’humour et la sensibilité de François Morel dans ses textes….Et c’est un véritable florilège de chansons tirées de ses albums qu’il nous offre. De l’humour et de la tendresse en générosité ! On y retrouve sa fougue des Deschiens, des clins d’œil à Brassens, une complicité avec le public et ses musiciens et puis ce beau cadeau qu’il nous fait en invitant sa complice Yolande Moreau à chanter avec lui.


(François Morel ©photo : Vincent Vince PicoZine)

Un grand moment de poésie ou les deux complices chantent Brassens (à découvrir leur récent album « Brassens dans le texte ») et puis une chanson sur Prévert dans laquelle Yolande interprète le texte « Adrien »? Un immense moment d’émotions par des artistes à l’immense talent.


(Yolande Moreau et François Morel ©photo : Vince PicoZine)

Hubert Felix Thiéfaine (Unplugged)
La tournée de son dernier album « Géographie du Vide » débute en version « unplugged » (acoustique) et se poursuivra en 2023 en version « replugged ». Ainsi, comme à son habitude, il nous offre de nouvelles versions de ses grands titres mais aussi de ses nouveaux. De mémoire, « 542 lunes et 7 jours environs », « Animal en quarantaine », « Loreleï Sebasto Cha », « Pulque, Mescal Y Tequila », « Demain les Kids », « Les Dingues et les Paumés », « Page Noire » et bien sur l’inévitable final dont on vous laisse deviner le titre. Le tout servi par d’excellents musiciens, Lucas Thiéfaine à la guitare et à la batterie qui est une vraie furie, coup de chapeau au saxophoniste, véritable virtuose qui nous a envoyé un solo de dingue de plusieurs minutes.. Et puis le concert n’est pas entièrement « débranché », quelques petites notes électriques agrémentent les ambiances…Un concert de Thiéfaine est toujours un événement qu’on ne se lasse jamais de vivre.


(Hubert Félix Thiéfaine ©photo : Marjorie Marty)

Dimanche 17 juillet
Dernier jour des Francofolies de La Rochelle 2022 et de belles images plein les yeux et des belles émotions dans les oreilles.


(Gérard Lanvin ©photo : Marjorie Marty)

Gérard Lanvin
C’est dans la Salle Bleue que le concert se passe. Ambiance intimiste et de proximité avec l’artiste qui va s’élever en intensité. Accompagné de son fils Manu Lanvin et son groupe (célèbres joueurs de blues rock), Gérard va nous donner un concert digne de ce nom et va mettre le feu ! Enchaînant les titres blues de son album «Ici-Bas» pour notre plus grand plaisir. Ce projet né pendant le premier confinement Covid est une vraie réussite. Gérard Lanvin ne s’improvise pas, il gravite dans la sphère blues depuis longtemps, on se souvient de son duo avec le regretté Calvin Russel avec le titre «5M2» qu’il interprétera ce jour-là. Puis tous ses fameux titres aux textes justes et engagés « Ce Monde Imposé », « Entre le dire et le faire », « P’tit Gars », « Mon héroïne », un bel hommage aux femmes et bien sur, la reprise presque incontournable de Renaud avec « Marche à l’Ombre ». Bref, un grand moment rare !


(Dutronc et Dutronc ©photo : Vince PicoZine)

On finira en beauté par la scène Jean-Louis Foulquier avec la légende Jacques Dutronc accompagné lui de son fils Thomas dans le cadre du projet « Dutronc et Dutronc ». Les immenses tubes de ses deux grands artistes défilent, superbement orchestrés et électrifiés par les jeux de guitares de Thomas et de Yarol Poupaud. Puis, Julien Doré, véritable bête de scène, s’offre au public. Une chorégraphie avec un panda, Clara Luciani invitée pour un duo, les tubes s’enchaînent, c’est explosif et décalé ! Enfin Clara Luciani à l’honneur de finir en beauté cette édition 2022 du festival. Le public est en délire malgré la chaleur intense de la canicule.


(Julien Doré ©photo : Vince PicoZine)

Nous n’avons pu tout faire tant la programmation des Francos est riche. On notera qu’il existe aussi les Francos Juniors avec des artistes et spectacles pour le jeune public, des concerts gratuits au village Francocéan sans oublier les FrancOff. Et aussi Les Folles rencontres avec des projections de films dans le cadre des Francostories, des conversations organisées entres différent artistes programmés à l’affiche, « Les Folies Littéraires » et « J’ai la mémoire qui chante » avec des invités de marques, acteurs, chanteurs, politiques, monde du spectacle… qui viennent parler de souvenirs musicaux ou de l’influences qu’a eu la musique dans leur vie. On soulignera aussi la démarche responsable de l’organisation sur le bien-être du public et sur la réduction de l’impact environnemental. Tout a été soigneusement réfléchi et mis en place.

Indiscutablement, nous attendons avec impatience les Francofolies de La Rochelle 2023 pour revivre ces temps de magie !
(©Reportage et Photos : Marjorie Marty et Vincent Vince Picozine).

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