reportage

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J’adore quand l’heure est à la surprise, si si ! C’est vraiment enivrant. Lorsque j’ai su qu’on allait apprécier « Juniore » et  « Aquaserge » en concert, j’ai dit oui, OK, pas de problème, génial !!! Alors que ces groupes m’étaient inconnus, même de nom. C’est pas bien hein ?! De ne pas tout connaitre, de ne pas être au top du top en matière de nouveautés et de tendances musicales surtout lorsqu’on on écrit des chroniques ! Et bien si, justement j’aime me laisser guider vers l’inconnu, découvrir la surprise et l’émerveillement d’un premier instant. (JUNIORE – AQUASERGE – Le Grand Mix – Tourcoing, 3 Mars 2017)
(Mars 2017 – par Vincent Vince Picozine.)

Bon en fait je suis salaud de dire ça, car j’ai un peu triché quand même, je n’y suis pas allé totalement vierge. Mais comme il y a un point auquel je ne déroge jamais quand j’écris et qui est l’honnêteté, je m’explique : en arrivant au Grand Mix, j’avais quand même une petite idée des styles musicaux qui allaient chatouiller mes oreilles ce soir-là. Tu verras que c’était quand même assez léger et que l’effet de surprise était bien là. Concernant « Juniore », c’est en écoutant une compile issue d’un magazine qui aurait plu à Eliot Ness si il avait eu une gratte plutôt qu’un flingue. Un des morceaux me plaisait beaucoup et me donnait vraiment la pêche, évidemment je suis allé voir sur la pochette et que vis je ? Juniore ! Whaaa, c’est génial, c’est le groupe que je vais aller voir, j’adore !!! Et merde, je sais à quoi ça ressemble maintenant. Même si je voulais en entendre plus, j’en suis resté là.

Pour « Aquaserge », ma curiosité m’a fait lire un article sur eux et quand lorsque j’ai vu d’où venaient certains musiciens, j’ai aussitôt fait un bond de joie. Il y a dans Aquaserge du « Tame Impala », du « Melody’s Echoe Chamber » et du « Stereolab »et évidemment, ce sont trois groupes que j’adore.

Nous arrivâmes donc à la porte du Grand Mix vers 19h45. Celui-ci n’ouvrant ses portes qu’à 20h, nous attendons patiemment tout en discutant sur des sujets passionnants, évidemment, mais surtout en s’étonnant du fait que ça ne se bousculait pas au portillon et qu’a part nous, la foule était au nombre de un. Bon heureusement ce ne fut que de courte durée, mais on ne pouvait pas non plus parler de marée humaine, juste à peine un clapotis. Les portes s’ouvrent enfin et petit à petit le public arrive, ouf !

Nostalgie idéale

« Juniore » débarque sur scène, trio féminin très élégant et accompagné…de la Mort !!! Mais attention ! Pas la Mort crade, toute noire avec sa vieille faux, non ! Ici la Mort est super propre, en habits du dimanche, immaculée et armée d’une basse, ce qui fait quand même un peu plus classe ! Ce soir celle-ci est bien vivante et en pleine forme. Le premier morceau commence et hop, c’est comme si une DeLorean DMC-12 nous faisait retourner cinquante ans en arrière au cœur des années 60. Une guitare vintage distille une mélodie chargée de reverb accompagnée d’un Mellotron vibrant et d’une rythmique douce et précise. Le chant est doux et nonchalant. On s’imagine un soir sur une plage du sud dans la candeur adolescente des années 60. En gros, on imagine bien Brigitte Bardot ou Françoise Hardy. Même le look d’Anna, la chanteuse nous rappelle ça, cheveux longs avec frange soignée et petite moue introvertie.

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(JUNIORE – ©photo : Vincent Vince Picozine)

Bon alors j’en entends déjà certain en train de dire qu’il n’y a pas de quoi s’extasier et que c’est un groupe de jeunes qui joue des trucs yéyés. J’aurai pu aussi me dire ça, mais bien au contraire. Dès le début, il y a quelque chose qui n’est pas commun. Premièrement, la présence de la Mort jouant de la basse. Que vient faire ce personnage horrifique dans une musique pleine de légèreté et de fraicheur ?

Et puis, Anna, la chanteuse, dégage quelque chose d’étrange, de part sa nonchalance mais aussi par son regard, quelque chose de troublant, de pas si insouciant que ça. Les titres s’enchainent et de la gentille pop yéyé française on passe du côté anglo-saxon, une ambiance feuilleton anglais 60’s (« Amicalement vôtre », « Chapeau melon et Bottes de cuir », « Le Prisonnier »), le son de la guitare évoque les « Shadows » et d’autres décors cinématographiques teintés d’une ambiance de plus en plus psychédélique. Les choses se précisent, le public plutôt froid au début ou devrais-je dire timide, commence à se lâcher un peu. Moi je trouve cela vraiment bon, c’est entrainant, ça sonne même assez moderne finalement.

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(JUNIORE – ©photo : Hervé Collet)

Et puis il y a l’écoute des textes. On comprend mieux ce petit malaise difficile à définir. En fait, au travers de petits sujets légers, innocents, presque naïfs comme on pouvait souvent les trouver dans les années 60, Anna a le don d’y ajouter subtilement des petits cotés sombres, comme des contes un peu noirs, en filigrane…C’est ce léger décalage qui fait que plus le concert avance et plus on accroche. On comprend davantage la présence de cette Mort bassiste.

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(JUNIORE – ©photo : Hervé Collet)

Et puis une nouvelle montée en puissance. Du rock yéyé-psyché, on arrive petit à petit à un rock yéyé-garage. Le rythme s’accélère, Swanny, la batteuse s’éclate derrière ses fûts. On a envie de danser. Arrive le titre « Panique », que l’on trouve sur la compile des Inrocks, et là, le public est en ébullition ! Pour ma part je suis conquis et je n’ai pas l’air d’être le seul ! Le concert s’achève en apothéose et l’on en voudrait plus. C’était vraiment une très bonne surprise !

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(JUNIORE – ©photo : Vincent Vince Picozine)

À la rencontre de ce cher Serge
« Aquaserge » débute son set alors que nous sommes en loge en pleine discussion avec « Juniore ». J’entends quelques notes, un bon rythme, des lignes de saxo et de clarinettes..Ça a l’air bien !!! Mais la rencontre et nos discussions avec « Juniore » aussi…Ouh là là !! Quelle idée, une entrevue entre deux concerts.  Tant pis, je savoure l’instant présent qui m’intéresse beaucoup, nous irons apprécier de plus près « Aquaserge » ensuite.

Nous redescendons dans la salle du Grand Mix. Là, je découvre « Aquaserge », en pleine envolée psychédélique dans un long titre instrumental. J’accroche de suite, je reconnais immédiatement les humeurs Stereolab dans les sons de claviers et les petites envolées jazz. « Aquaserge » transporte son public dans un voyage musical. Je suis complètement absorbé devant le groupe dont les membres sont vêtus de superbes costumes de « magiciens cosmiques ». Le titre s’achève et un suivant du même acabit commence et nous emporte dans des sphères aux mille couleurs. Je me dis qu' »Aquaserge » pourrait être la suite temporelle de « Juniore ». Du milieu des années 60 on passe au début des années 70 avec un rock progressif, jazzy, psychédélique qui me fait énormément pensé à « Gong ». C’est donc cela « Aquaserge » !!! J’adore !!! La guitare saturée se mêlant aux sons de claviers si particuliers mais aussi et surtout les cuivres, un saxo bien étrange posé sur pied aussi grand que la magicienne qui en fait sortir des notes majestueuses…. Sans parler de la clarinette qui me donne des frissons !

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(Aquaserge – ©photo : Vincent Vince Picozine)

Malheureusement, le concert se termine… Haaaa !!! Pourquoi ces instants de plaisirs ne durent ils pas plus longtemps ? Mais une chose est sûre, c’est que je repartirai de cette soirée avec une nouvelle richesse, celle dont on ne peut estimer le prix, celle de l’émotion. Et oui, en arrivant je voulais me laisser guider vers l’inconnu, et même si j’avais quelques indices aussi petits pouvaient-ils être, la magie a fait son effet. Je rentre chez moi le cœur content, chargé de bonnes vibrations et le souvenir de belles rencontres.
(Article réalisé par Vincent Vince Picozine)
(©crédit photos :Hervé / Vincent Vince Picozine)


(Juniore : Difficile)


(Aquaserge : Virage Sud)

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-> Site Aquaserge : http://aquaserge.com
-> Facebook Aquaserge : facebook.com/aquasergee

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