chronique

HOLY MONITOR
/ Album « Southern Lights »
/ Sorti le 26 Février 2021

// L’engouement pour le psychédélisme musical est parfois tellement codifié que cela en devient gênant, et cet effet de mode semble se perpétuer depuis plusieurs années. Bon nombre de groupes estampillés acid stoner psyché tournent en rond sans trouver d’issue salvatrice, embourbés dans un magma réchauffé, une tambouille tiède et insipide. Car nous, éternels insatisfaits, en quête d’une révélation, parcourons de nos oreilles d’innombrables disques afin d’y dénicher l’étincelle qui rallumera nos moteurs enrayés. Il n’en est rien avec Holy Monitor dont le nouvel album atteste d’un talent et d’une inspiration renouvelés.

Une discordance incroyable, une énergie qui se déploie lentement et semble échapper à ses musiciens, indomptable comme une descente fulgurante depuis un sommet vertigineux vers des abysses insondables, cette griffe personnifiée dès les premières mesures de « River » est d’ un tel raffinement, une brèche de lumière tourbillonnante avec des vagues de fuzz. Tout y est ressenti et décuplé avec une beauté telle qu’on se demande si Holy Monitor n’a pas largué les amarres pour s’exiler loin de l’apparat de notre pauvre monde ennuyeux.

Revenons si vous le voulez bien aux origines de Holy Monitor. Originaire d’Athènes, le quintette n’en est pas à son premier coup d’essai. Après plusieurs EPs et deux longs formats, le groupe signe un véritable chef-d’oeuvre et je n’exagère pas. On se sent catapulté la tête dans les étoiles, dans un vortex ondulatoire. Les compositions du groupe ne faiblissent jamais et ne perdent pas un iota de leur trajectoire, « Blue Whale » évoque les guitares glissantes de Yawning Man avec cette élégance unique affiliée au space rock. Sans réduire les compositions à une quelconque classification, Southern Lights explore les univers, les émotions en rafales électriques se répandant en nuances de couleurs et d’atmosphères apaisées, une respiration dans un continuum qui s’étiole comme dans un rêve.

(chronique : Franck irle)
(Artwork Album : Bewild Brother Holy Monitor)

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