chronique

FÀTIMA
/ Album « Fossil »
/ Sortie le 10 Mai 2022

// Au coeur du réchauffement climatique, voici que resurgissent des tréfonds de la terre monstres froids, reptiles et autres dinosaures que l’on croyait depuis longtemps disparus. Ressuscités d’une mort momentanée, on peut entendre les croassements de ces créatures rampantes depuis les abîmes, les gargouillis remontant à la surface de la glaise comme les bulles d’un geyser prêt à exploser.
Le troisième album du trio Fátima déterre les mythes fictionnels, pour les plonger dans un chaudron, une formule secrète dont seul le groupe est le dépositaire. Cette fusion de multiples ingrédients sonores se révèle être une nouvelle fois d’une efficacité redoutable.

La trajectoire de Fátima est toujours aussi fascinante, depuis « Moaner » paru en 2018. L’attraction qu’exerce leurs compositions est immédiate, réminiscences fugaces de riffs hérités de la scène de Seattle et du Doom, tapissés d’ornements orientaux. Étrange mélange qui fonctionne à merveille, un alliage inattendu presque malléable dont les émanations vaporeuses semblent s’échapper d’une fournaise lysergique.

L’album suivant « Turkish Delights » précédemment chroniqué renforçait encore cette atmosphère hypnotique, hantée. Fátima laboure à rebours les terres arides d’un no man’s land tels des corsaires ayant pour étendard une créature Mésozoïque.

Le troisième album « Fossil » semble être dans la continuité des disques précédents par sa pochette iconographique. Il n’en est rien. Certes, on reconnait la patte caractéristique du groupe, mais celle ci s’enfonce plus profondément dans cette matière visqueuse et odorante, exhalaisons de souffre mêlées à ces parfums envoûtants venus des confins d’une terra incognita. Une mélasse dégoulinante dans laquelle on se sent enrobés, une toile d’araignée dans laquelle on se laisse attraper.

Dès « Mongolo Bill » nous sommes conviés à voyager dans une autre dimension, quelque chose de plus intimiste mais aussi de puissamment évocateur. Pour éviter la redite, Fátima a choisi de graver dans le basalte une nouvelle empreinte que les archéologues, dans un futur proche, ne manqueront pas d’en apprécier les reliefs. Tel un diamant aux multiples facettes, « Fossil » s’écoute et s’observe comme un trésor sauvé du temps. Un joyau craché dans une gerbe d’étincelles, dont l’obscurité s’épaissit pour envahir lentement l’espace. Avec des titres surréalistes comme « Strawberry Brain Shake« , nous voici catapultés dans les sphères d’un monde où se télescopent énergie, matière et couleurs sulfureuses.

Album de la consécration ? Il n’en demeure pas moins que « Fossil » est un disque addictif qui s’écoute en boucle à plein volume. Le vinyle est prévu pour Septembre, en attendant, empressez vous de voir Fátima sur scène et d’acheter leur album cd et leur merchandising !

(chronique : Franck irle)

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