chronique

DAXMA
/ Album « Unmarked Boxes »
/ Sortie le 19 Novembre 2021
D’entrée de jeu, le climat est froid et massif, comme une sensation d’engourdissement, avec ses nappes cotonneuses de guitares ciselées, mélodiques, ses nuances neurasthéniques.
« The Clouds parted » dessine ses lézardes en surface, comme autant de cicatrices camouflées. Oeuvre introspective qui s’apprivoise dès que l’on s’immerge au coeur des éléments, DAXMA a cette manière de travailler la tension, en lignes appuyées, bardées de riffs terriblement efficaces.
« And The Earth Swallowed Our Shadows » prolonge cet état de suspension, combinant motifs lumineux et obscurs, une dualité des tonalités et des couleurs magnifiée par un décorum poétique. Ce titre exprime avec clairvoyance l’absorption – comme l’eau sur le sable – de la personnification. On s’accroche aux cordes de la guitare, au souffle exténué de la basse, aux notes du violon. L’ensemble est d’une maîtrise absolue.
Il y a quelque chose de magnétique dans le post-metal proposé par le quatuor, une pesanteur qui s’allège au fur et à mesure que chaque titre se déploie. La trame de ce double album se lit comme un parchemin, une initiation introspective d’une beauté saisissante.
« Hiraeth » est l’apogée du disque, la conjugaison du chant de Jessica aux riffs massifs de Isaac et Forrest intensifie cette montée vers l’empyrée, ce lieu où DAXMA désire résider.
Malgré cette connotation élégiaque, cette profonde tristesse implacable tapisse chaque recoin et chaque morceau qui dans la durée ne s’éternise jamais.
On ressort de cette séance complètement abasourdi. La tristesse, la mélancolie ont ceci de salutaire qu’elles nous ramènent à l’altérité humaine, cet état de conscience aigü qui fait pencher le coeur vers d’autres horizons.
« Unmarked Boxes » est un éventail d’ambiances, de sentiments éplorés, une mécanique lente et fluide de libération. Rien n’est jetable dans ce disque, tout y est flamboyant, émouvant.