chronique

TOM PENAGUIN
/ EP 5 titres
/ Sorti le 5 Avril 2024

//Tom Penaguin fait peau neuve avec un album éponyme.
Pour toute œuvre qui se respecte, il est de notre devoir de l’honorer comme spectateur, comme témoin ou comme transfuge, ce qu’induit le travail fait en amont par le compositeur. Tout artefact est une interférence qui échappe au processus de création. On ne fait pas de comparaison de terme à terme, mais d’étendues musicales..

Condenser le temps dans un espace.
Le parcours de Tom Penaguin relève bien plus que la simple recherche du succès, l’émergence d’une signature musicale dotée d’une solide réputation. Comme des feuillets épars, Tom s’est extrait de Djiin pour réunir ses propres idées, privilégiant l’enregistrement sur un 16 pistes Tascam, et avec une rimbambelle d’instruments analogiques, Fender Rhodes MK2, orgue Yamaha YC20.

Restons hors sujet, c’est au moins cohérent. Il ne s’agit pas de s’exclure par pur snobisme, personne ici n’en a la prétention. Ce qui est singulier, c’est ce travail minutieux digne d’un orfèvre comme Bo Hansson (Magician’s Hat) tant la palette des claviers échafaudent une base où se greffent chaque instrument, dont les glissandos de guitares rejoignent le parangon de Harvey Mandel. Vous l’aurez compris, les références ne manquent pas, elles dépassent le carcan temporel que l’on pourrait réduire aux années 70.

L’instinct avant la technique.

Oui, Tom Penaguin aurait pu être élève de l’école de Canterbury, mais il en est le fils spirituel. Se cantonner à une telle référence donne forcément le vertige. C’est sous le nom de Captain Blind Chameleon que l’ombre du musicien plane à la surface de la mappemonde en 2020. Déjà, cette attirance pour la matière sonore était présente, la guitare en arrière plan revenait au devant, interchangeabilité des instruments. «The Stove Viewpoint Introduction» qui inaugure ce disque éponyme, fait penser à «Grandchester Meadow» du Pink Floyd avant de glisser vers une musique plus Prog proche de Camel que «Housefly Leg» décline en plusieurs couleurs sonores, avec une fluidité totale, une connaissance innée des modes musicaux, de variations où l’harmonie croise les dissonances.

«Aborted Long Piece No2» est un titre dont la duplicité convie l’auditeur à tendre l’oreille, non pas que sa durée soit trop condensée, mais laisse croire qu’il s’agit d’une pièce longue. Le côté baroque embellit la palette sonore des orgues, l’attention se focalise sur ces lignes mélodiques incroyablement captivantes. Il y a là le travail d’un multi-instrumentiste qui a concrétisé un projet de longue date, avec une maestria digne d’un sorcier de studio. L’ensemble s’écoute non pas comme un accompagnement musical, mais comme un véritable dérivatif aux tendances musicales qui sévissent actuellement, ramenant toute la musique vers un post-machin, une époque qui ne sait plus où se situer.

Tom Penaguin est un orfèvre sonore, chaque instrument restituant ses intentions, à savoir, approcher et rendre tangible chaque accord, chaque note. Cet album rend possible l’escalade vers le ciel par la pensée. Forcément, on se surprend à réécouter plusieurs fois cet album.

(chronique : Franck irle)

– Facebook : https://www.facebook.com/TomPenag1

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